Editorial

Zara NAZARIAN,
directrice de la publication

On n'a plus de terres à offrir...

Le mois de septembre est arrivé en apportant avec lui une nouvelle guerre : dans la nuit du 12 au 13 septembre, les attaques d’artillerie et de drones ont été opérées simultanément sur le sud et le nord d’Arménie.

Nul ne sait si cette offensive de l’Azerbaïdjan va durer et dans quel sens la situation va évoluer, mais quelques points sont devenus définitivement clairs dans ce contexte.

L’Arménie n’a pas su tirer de leçons depuis la dramatique capitulation survenue en novembre 2020 et la perte factuelle de l’Artsakh. Ses efforts diplomatiques sont restés mous, sans envie véritable de se trouver de nouveaux amis et/ou alliés, et ceci malgré l’expérience décevante du protectorat militaire russe de la dernière guerre. Son armée n’a pas été modernisée pour correspondre au niveau de l’armée azerbaïdjanaise, grassement équipée par l’allié turc. A la place, depuis deux ans, l’Arménie n’a eu de cesse de parler d’une nouvelle époque – « époque de la paix » - vers laquelle était censée de mener le pays une série de concessions unilatérales opérées vis-à-vis de l’Azerbaïdjan. La vie culturelle abondante et les distractions proposées étaient en dissonance avec la menace imminente clairement formulée et réitérée par le président Aliev, reprise et relayée par la Turquie.

Depuis deux ans, il n’y avait aucun doute qu’après avoir « récupéré » l’Artsakh, l’Azerbaïdjan allait continuer son expansion vers l’Arménie afin d’obtenir le fameux « couloir », en réalité, le découpage du territoire souverain arménien.

Avec cette dernière offensive, toute discussion sur un traité de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan devient caduque. Encouragé par les européens lui serrant la main dans l’attente des livraisons de gaz, profitant des mésaventures de la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine, ce pays a clairement démontré ses intentions belliqueuses, en faisant table rase de toutes les recherches de compromis en direction de la paix effectuées depuis l’automne 2020.

Le cynisme poussé par l'impunité du pouvoir azerbaïdjannais lui a fait reconnaître l'offensive sur le territoire arménien, en confirmant ainsi le fait d'agression sontre un Etat souverain.

L’Arménie n’a d’autre choix que de s’adresser à la communauté internationale comme l’avait fait l’Ukraine, il y a quelques mois. Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait être saisi immédiatement.

On n'a plus de terres à offrir...