La littérature française sur le génocide arménien dévoilée dans un ouvrage universitaire

Arts et culture
27.10.2023

Lusine Abgaryan présentait il y a quelques jours à la librairie Mirzoyan d’Erevan son premier livre, “Post-mémoire, Fiction, Roman Graphique. Le retour de la littérature française contemporaine sur le Génocide des Arméniens”. Publié en arménien aux éditions Ankyunacar. il est le fruit de plus de quatre années de recherches en littérature française.

Par Élena Coz

 

Après avoir effectué sa soutenance de thèse à Paris en avril 2022, Lusine Abgaryan présente désormais l'ouvrage littéraire tiré de ses recherches et écrit en arménien : “Post-mémoire, Fiction, Roman Graphique. Le retour de la littérature française contemporaine sur le Génocide des Arméniens”. Doctorante d’une thèse co-accréditée par la Sorbonne Université de Paris et l’université d’Etat Brusov à Erevan, Lusine Abgaryan a étudié un corpus d’une vingtaine d’auteurs français et français d’origine arménienne ayant consacré des œuvres au récit du génocide arménien. Elle s’est appuyée sur des romans tels qu' "Étrangère" de Valérie Toranian,  "Lucine" d'Ondine Khayat  ou encore "Ma grand-mère d'Arménie" d'Anny Romand. 

Sous la supervision de Bernard Franco de Sorbonne Université et d’Ani Djanikyan, professeur à Brusov, ses recherches se sont concentrées sur les œuvres littéraires françaises contemporaines portant un regard extérieur au génocide arménien autour d’une problématique principale : Comment les descendants du génocide arrivent-ils à entretenir une relation avec le traumatisme de leurs ancêtres, à savoir une mémoire qu’ils n’ont pas eux-mêmes vécue directement.

Lusine Abgaryan s’est ensuite intéressée aux romans de fiction pure, écrits par des auteurs sans lien direct ni de leg familial du génocide. Basée sur des sources historiques, cette littérature relève d’avantage d'un engagement militant pour une cause, celle dela reconnaissance du génocide des Arméniens (qui n’a été reconnu qu’en 2001 par la France).

Le dernier pan de son étude s’est penché sur un nouvel art en vogue : la bande dessinée. « Le roman graphique a permis d’aborder la notion de l'intermédiarité des arts, leur interaction pour décrire l’indicible et pour représenter ce qui est irreprésentable. Avec un corpus de bande dessinée, nous nous sommes posé la question de savoir comment la violence traverse à la fois le texte et l’image, ce qui dans le texte remplace l’image et inversement », précise l’auteure.

Bernard Franco, professeur de Littérature générale et comparée à la Sorbonne Université, a souligné l’intérêt de ce travail au regard des tensions actuelles entre l’Arménie et l'Azerbaïdjan. « La littérature laisse une trace, car l’histoire est oublieuse et à tendance à se répéter sous forme de tragédie. Un livre comme celui-ci permet de donner un éclairage sur les événements actuels ».

Lusine Abgaryan dédie son œuvre aux membres de sa famille qui ont péri ou vécu le génocide arménien. Aujourd’hui enseignante à l’université Brusov, elle envisage déjà l'édition française de son ouvrage.