Au service de l’Arménie avec Armenian Volunteer Corps

Société
19.01.2024

"Come Move Mountains", littéralement “ venez déplacer des montagnes”. C’est le slogan de l’ONG "Armenian Volunteer Corps" (AVC) qui accueille des volontaires de tous horizons à partir de 21 ans. Bien plus qu’une mission professionnelle, AVC promet une immersion dans la culture arménienne.

Par Eléna Coz

 

« C’est la première année qu’autant de volontaires nous rejoignent. 60 % des participants sont non-arméniens. C’est également la première fois que le nombre de français est plus important que les américains », annonce Arina Zohrabian, directrice exécutive d’Armenian Volunteer Corps. À la différence de Birthright Armenia, l’association sœur qui accueille des jeunes de 21 à 32 ans de la diaspora, AVC propose un programme de volontariat pour ses membres âgés de plus de 32 ans, mais également pour des jeunes sans héritage familial avec le pays, désireux de découvrir une nouvelle culture.

"Armenian Volunteer Corps" est née de l’initiative d’un ancien volontaire de Peace Corps - un programme américain de volontariat - qui a servi en Arménie pendant deux ans. Conquis par son expérience, il a voulu créer un programme pour rapprocher la diaspora de l’Arménie. « Il s’est rapidement rendu compte que des non-arméniens aussi étaient intéressés à contribuer au développement du pays. Le programme a donc été étendu à des bénévoles de toute origine », explique la directrice, elle-même bénévole en 2002 avant de s’installer définitivement en Arménie et de prendre les commandes d’AVC en novembre 2021.

« La plupart des organisations internationales de volontariat exigent une contribution financière de leurs candidats. La gratuité de l'engagement a fait le succès d’AVC », souligne Arina. L’ONG est financée par Fondation de la famille Hovnanian, créée aux Etats-Unis en 1986.  Et comme l’expérience à AVC ne se résume pas au volontariat, les participants peuvent prendre part gratuitement aux autres activités proposées par l’association. Ainsi peuvent-ils, pour ceux qui ne parlent pas arménien, de profiter deux fois par semaine, de cours de langue et chaque samedi, d'excursions touristiques dans tout le pays. Des forums optionnels sont également proposés toutes les semaines sur l’histoire ou l'actualité arménienne. Seul le logement en famille d’accueil et les excursions restent à la charge du volontaire.

Un programme personnalisé

"Armenian Volunteer Corps" assure un accompagnement sur mesure pour ceux qui veulent se reconnecter avec leurs origines, découvrir une nouvelle culture, effectuer leur service civique ou simplement pour effectuer un stage. Les volontaires ont le choix, selon les disponibilités, de vivre à Erevan ou à Gyumri et durant la saison estivale, à Vanadzor. AVC fournit tout le soutien logistique depuis la prise en charge à l'aéroport jusqu'à l’attribution d’une famille d'accueil. Trois programmes adaptés sont proposés aux différents profils : le Corps Junior ("Junior Corps") accessible à partir de 21 ans, le Corps Professionnel ("Professional Corps") après 32 ans et le Corps Senior ("Senior Corps") réservé aux plus 60 ans. La pratique de la langue arménienne n’est pas requise. Après un entretien individuel pour identifier les aspirations de chacun, AVC met en relation le volontaire avec l’une des 1 400 organisations partenaires qui exercent dans des domaines variés : art, agriculture, droit, éducation, informatique, marketing…  Avec 20 ou 30 heures de travail par semaine selon les programmes, les bénévoles ont l’opportunité de travailler dans plusieurs organisations sur une période comprise entre un mois et un an.

C’est le cas d’Alisson, professeure des écoles, française originaire de Bretagne qui a profité de son été, en 2022, pour servir l’Arménie. Par l’intermédiaire d’une amie d’origine arménienne qui lui a présenté AVC, elle a pu combiner son bénévolat et sa profession, l'une de ses passions, la couture. Elle s’est ainsi investie auprès de l’université Européenne en tant qu’assistante en "Français langue étrangère" et au sein d’un atelier de confection de costumes traditionnels à Erevan.

Un an après, elle confie : « Ce qui m’a le plus plu en Arménie, c’est le côté humain. J’ai séjourné pendant deux mois dans une famille d’accueil qui ne parlait ni français, ni anglais. Et la langue n’a pas été une barrière ! On communiquait avec des regards, des gestes. Je suis partie seule en Arménie mais je n’y ai jamais été seule ».

Aménis s’est rendue en Arménie pour la première fois dans le cadre d’un stage de fin d’étude consacré aux droits des femmes. Elle garde un souvenir poignant de sa rencontre avec les Arméniens : « Cette expérience m’a forgée. J’ai été surprise par leur sensibilité et leur tristesse. J’ai aussi trouvé que le souvenir du génocide est très ancré dans la société », témoigne-t-elle. Si elle garde un bon souvenir de son expérience, Aménis ne se voit pas s’installer en Arménie : « Y vivre définitivement serait compliqué mais j’adore y retourner dès que je le peux. J’ai déjà eu l’occasion de m’y rendre deux fois depuis mon volontariat ».

Un succès qui ne désemplit pas

Depuis la création d’AVC en 2001, la réputation de l’association a traversé les frontières. De sept volontaires la première année, l’ONG comptabilisait fin novembre 2023, 126 personnes de 24 nationalités différentes. Les motivations de ces "non-Arméniens" sont multiples :  « Après la guerre de 2020, beaucoup de gens sont venus pour aider, notamment des volontaires français du service civique français et des membres de la diaspora souhaitant mieux connaître le pays. Et certains y ont même trouvé leur conjoint », sourit-elle. D'autres alumnis, encore, ont décidé de poser durablement leurs bagages en Arménie. Sophie est l’une d’entre eux. À 33 ans, elle a rejoint AVC en novembre 2021, pendant cinq mois, après avoir suivi son mari arménien. Elle en retient l’accompagnement offert par l’équipe d’AVC : « C’est une bonne porte d’entrée pour les expatriés comme moi. On nous fournit tous les outils et contacts pour une transition en douceur », raconte-t-elle.

Face à ce succès qui ne désemplit pas, AVC ambitionne de poursuivre sur la même voie : « Nous voulons continuer de proposer des programmes de qualité. Notre but est d’impacter l’Arménie du meilleur que nous pouvons et de créer des liens forts avec l’Arménie, en particulier pour les "non-Arméniens », conclut la directrice d’AVC.