Cinéma sans frontières

Arts et culture
28.11.2018

Par Anna Baghdassarian

Dans le cadre du Festival du film européen l’Ambassade de France en Arménie, l’association Lumière du Monde et la plateforme GAIFF Pro ont animé, le 27 novembre dernier à l’UGAB, un atelier sur la coproduction internationale de films documentaires, destiné aux professionnels du secteur mais également ouvert au public intéressé.

Lancé en novembre 2011 grâce au soutien de l’Union européenne et de la région Rhône-Alpes, Eurasiadoc vise à établir un environnement propice à des coproductions documentaires dans le vaste espace géographique de l’Eurasie et à faire émerger des regards d’auteurs issus des sociétés eurasiatiques. D’abord mis en œuvre dans le Caucase, en Asie centrale et en Russie, Eurasiadoc se concentre ensuite sur l’Arménie, la Géorgie et la Turquie.  

« L’idée c’est de créer un tissu professionnel et humain capable d’accélérer le développement d’une économie équitable du documentaire de création, de faire en sorte que les réalisateurs qui participent à nos ateliers puissent présenter leurs projets et ensuite trouver des partenaires internationaux qui vont les aider à produire leurs films, les faire circuler dans les festivals internationaux »,- explique  Frédéric Violeau, chargé des relations diffuseurs de la « Lumière du Monde ».  C’est une association de producteurs qui regroupe une centaine d’adhérents autour de la Charte de coproduction équitable. Cette charte est un outil au service du développement du secteur documentaire dans le monde entier. En garantissant au moins 40% des droits de propriété au producteur local, la Charte contribue à la remontée des recettes au bénéfice des producteurs locaux.

Dans la deuxième phase de l’atelier, Stéphane Jourdain, producteur à La Huit production, a présenté son expérience de deux coproductions franco-arméniennes issues des Rencontres Eurasiadoc 2017 et surtout sa collaboration avec la jeune réalisatrice arménienne Silva Khenkanossian.  Il s’agit d’un documentaire sur les démineuses à Haut-Karabagh, sur tous les aspects de ce métier dangereux, sur la perception de la paix et sur la force de ces femmes qui exercent tous les jours ce métier comme si c'était un métier "normal". 

« Le film n’a aucune dimension politique. Ce sont les femmes qui m’intéressent, les femmes qui laissent leurs enfants seuls à la maison pour aller faire leur travail extrêmement dangereux. Elles le considèrent comme un travail normal. Il n’y a rien de politique dedans, seulement les femmes souhaitant que leurs enfants puissent tranquillement marcher sur leur terre »,- a souligné Silva Khenkanossian. Stéphane Jourdain a contredit la jeune réalisatrice en faisant remarquer que ce ne sont que les conséquences. Les raisons en sont politiques: « Je dirais que c’est un film totalement politique, parce que le déminage c’est forcément quelque chose politique. Cela fait référence à la guerre, au conflit, et cela fait référence à la peur »,-a commenté Stéphane Jourdain. Le producteur a également souligné qu’il était très étonné par la qualité du projet et par la façon dont la jeune réalisatrice arménienne l’avait mené jusqu’au bout.

L’atelier s’est achevé par un cocktail offert par l’Ambassade de France en Arménie.