La Turquie s'apprête à prendre le contrôle du quartier arménien de la vieille ville de Jérusalem

Région
14.02.2020

La Turquie a mené une vaste activité dans la vieille ville de Jérusalem et a spécifiquement ciblé les quartiers arménien et chrétien. Les résidents ont raconté à The Jewish Press que ces dernières années les autorités turques faisaient tout pour les persuader de nier l’holocauste arménien perpétré par les Turcs il y a un siècle et procédaient à d'autres actions visant à acquérir des biens appartenant à des chrétiens locaux.

Un résident a informé l’hebdomadaire The Jewish Press qu'un diplomate turc a exhorté la famille Kahabadijan, qui possède un petit musée avec une rare collection de milliers de photos et de documents sur l’holocauste arménien, à cesser ses activités et d'éviter de diffuser de la documentation et des informations.

La famille Kahabadijan a consacré sa vie à la commémoration du massacre turc des Arméniens et produit plusieurs courts métrages sur le sujet. Ilya Kahabadijan, dont le grand-père a survécu aux massacres, a déclaré qu’au bout de 40 minutes de réunion la diplomate a voulu aborder la question du problème. « J'ai réalisé qu'elle voulait me persuader de cesser mon activité de documentation sur le massacre arménien ».

Les tentatives de persuasion turques comprennent des propositions de subventions financières aux Arméniens. Les propriétaires immobiliers du quartier disent que les représentants du gouvernement turc ont récemment offert plusieurs subventions de 3000 $ pour divers besoins, mais leurs propositions ont été rejetées entièrement par les résidents arméniens. Ils disent que « ce sont des subventions pour acheter notre silence », conçues pour que le gouvernement turc ne soit pas poursuivi pour les massacres de 1915-1917.

Ilya a souligné que le représentant turc ne l'avait pas menacé. « Mais quoi qu’il en soit, je lui ai fait comprendre notre démarche et il a compris que la communauté arménienne était prête à aller jusqu'au bout en ce qui concerne la question du massacre », a déclaré Ilya.  « Nous attendrons encore 100 ans, mais nous n'annulerons pas notre demande d'indemnisation avant la signature d’un accord de paiement, comme celui qu'Israël a signé avec l'Allemagne ».

Les tentatives de persuasion turques comprennent des propositions de subventions financières aux Arméniens. Les propriétaires immobiliers du quartier disent que les représentants du gouvernement turc ont récemment offert plusieurs subventions de 3000 $ pour divers besoins, mais leurs propositions ont été rejetées entièrement par les résidents arméniens. Ils disent que « ce sont des subventions pour acheter notre silence », conçues pour que le gouvernement turc ne soit pas poursuivi pour les massacres de 1915-1917.

L'extermination arménienne était un génocide délibéré et systématique perpétré par l'Empire ottoman pendant la Première Guerre mondiale contre la population arménienne sur son territoire. Même après la Première Guerre mondiale, les Turcs, les Kurdes et les Arabes ont continué à massacrer les Arméniens jusqu'en 1923, et il est largement admis qu'environ la moitié des Arméniens en Turquie, soit environ 1,5 million de personnes, ont été assassinés.

La Turquie achète le quartier arménien ?

Les pressions turques se manifestent également dans son activité pour acquérir des actifs arméniens.

Un commerçant chrétien, qui a demandé à garder l'anonymat, a déclaré que les Turcs avaient récemment transféré au Waqf jordanien des certificats de propriété très anciens, notamment des documents de l'ère ottomane et des documents de propriété foncière dans les quartiers arménien et chrétien. Le commerçant, qui a montré des photos de plusieurs de ces certificats à The Jewish Press, a rajouté que les Turcs avaient demandé au Waqf de vérifier les documents utilisés pour acheter des actifs.

The Jewish Press a révélé qu'il y a quelques mois les habitants du quartier arménien ont été choqués de découvrir qu'une de leurs maisons avait été vendue à un musulman, par un prix équivalant trois fois sa valeur réelle. Une enquête a révélé que l’argent de la transaction provenait de Turquie.

À la suite de cet incident, certains dirigeants de la communauté se sont réunis pour examiner la chaîne des événements et ont pris des mesures pour empêcher la fuite des actifs de la communauté vers les Turcs.

Parmi les Arméniens, l’inquiétude de voir de plus en plus de biens rachetés par des Turcs va croissante.

Un commerçant chrétien, qui a demandé à garder l'anonymat, a déclaré que les Turcs avaient récemment transféré au Waqf jordanien des certificats de propriété très anciens, notamment des documents de l'ère ottomane et des documents de propriété foncière dans les quartiers arménien et chrétien. Le commerçant, qui a montré des photos de plusieurs de ces certificats à The Jewish Press, a rajouté que les Turcs avaient demandé au Waqf de vérifier les documents utilisés pour acheter des actifs.

Les Arméniens du quartier ne cachent pas leurs craintes face aux initiatives turques mais restent confiants : il est peu probable, en raison de la sensibilité manifeste qui entoure ces questions, que les Turcs choisissent de les affronter ouvertement.

Les activités croissantes de la Turquie à Jérusalem

L'activité turque croissante à Jérusalem et son soutien aux Frères musulmans préoccupent Israël.

Dans sa récente évaluation annuelle, la direction du renseignement militaire israélien de l’armée de défense d'Israël (Tsahal) a, pour la première fois, défini la Turquie comme une menace.

Ces dernières années, l’afflux de touristes turcs dans la vieille ville de Jérusalem a augmenté suite à l’apparition de mosquées dans les itinéraires touristiques et à la participation du gouvernement turc aux frais de voyage à Jérusalem.

Les responsables israéliens ont souvent évoqué la possibilité de reconnaître le génocide arménien comme une contre-réaction à l'activité turque contre Israël, symbolisée notamment par l’hébergement du siège de l’organisation terroriste Hamas en Turquie.

Au fil des ans, Israël s'est abstenu de reconnaître officiellement le génocide arménien, craignant qu'une telle reconnaissance ne nuise aux relations diplomatiques entre Israël et la Turquie. La Turquie surveille toutes les publications sur le génocide arménien et considère cette question d'une grande importance pour la sécurité nationale turque. En conséquence de quoi, les Turcs redoublent d’efforts afin de dissuader les Arméniens de Jérusalem de poursuivre leurs activités commémoratives.

Ces dernières années, l’afflux de touristes turcs dans la vieille ville de Jérusalem a augmenté suite à l’apparition de mosquées dans les itinéraires touristiques et à la participation du gouvernement turc aux frais de voyage à Jérusalem.

La société turque « Héritage » a accru ses activités dans la ville dans les domaines de l'éducation, de la culture et de l'immobilier, et finance également le projet de convoi visant à transporter des milliers de fidèles musulmans dans les mosquées ainsi qu'à financer des dizaines de milliers de repas pour rompre le jeûne du Ramadan.

Des organisations à but non lucratif turques fonctionnent quotidiennement à Jérusalem, aidant principalement les Frères musulmans et les activités islamiques de Jérusalem.

Ilya Kahabadijan a déclaré que les touristes turcs ont également récemment agi contre les Arméniens, déchirant des affiches et des publications sur le génocide arménien. Les murs du quartier ont été recouverts de graffitis condamnant les Arméniens.

La société turque « Héritage » a accru ses activités dans la ville dans les domaines de l'éducation, de la culture et de l'immobilier, et finance également le projet de convoi visant à transporter des milliers de fidèles musulmans dans les mosquées ainsi qu'à financer des dizaines de milliers de repas pour rompre le jeûne du Ramadan.

De même, l'agence gouvernementale TIKA pour les secours et l'assistance est également très active dans plusieurs projets à Jérusalem. Des dizaines de mosquées et de maisons ont été rénovées par les Turcs.

The Jewish Press a envoyé une série de questions à l'ambassade de Turquie en Israël et à l'organisation TIKA, mais aucune réponse n'a été reçue avant la publication de cet article, bien que l'ambassade en ait signalé la bonne réception.

Source : jewishpress.com