Alexeï Overchuk : « Si une route traverse le territoire arménien, alors c'est une route arménienne »

Actualité
30.09.2022

Dans une interview au quotidien "Rossiskaya gazeta" datée de ce jour, 30 septembre, le vice-premier ministre de la Fédération de Russie, Alexeï Overchuk, exclut toute idée de corridor extraterritorial sur le sol arménien.

Par Olivier Merlet

De retour d'Erevan ou il participait les 19 et 20 septembre au neuvième Forum interrégional russo-arménien, Alexei Overchuk est notamment revenu, dans une longue interview au quotidien russe "Rossiskaya gazeta", sur la question de l'ouverture des voies de communications et des échanges commerciaux dans le Sud-Caucase.

Contre toute attente, et s'en tenant aux principes des déclarations tripartites des 9 novembre 2020 et 11 janvier 2021, le vice-premier ministre russe précise que « cela signifie que lors des négociations du groupe de travail trilatéral des vice-premiers ministres, il n'y a pas de "couloir extraterritorial" qui porterait atteinte à la souveraineté de l'une des parties de quelque manière que ce soit. Ce n'est pas le cas et ne peut pas l'être. »

Alors que la presse et l'opinion publique arméniennes, étayées par les faits de ces dernières semaines (de ces derniers mois) évoquent sans guère de retenue le lâchage de l'allié russe dans son assistance au conflit avec l'Azerbaïdjan et un soutien à son juste règlement, les déclarations d'Alexeï Overchuk rassurent, tout en désorientant un peu plus, un pays et une population en proie au doute et à la peur de son devenir.

« La souveraineté sur la route est exercée par le pays sur le territoire duquel passe la route. Cela signifie que si la route traverse le territoire arménien, alors c'est une route arménienne, si elle parcourt le territoire azerbaïdjanais, alors c'est azerbaïdjanais. » À trois reprises, le haut dirigeant russe réitère ses propos, affirmant que « la Russie a toujours soutenu le principe de la souveraineté des parties ».

À la question de la journaliste sur la finalité recherchée par le groupe de travail trilatéral, à savoir : « faire en sorte que le régime de franchissement de la frontière entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie soit le même que celui que tout le monde a l'habitude de voir entre des pays qui entretiennent des relations normales ? » Alexeï Overchuk répond simplement et clairement : « Absolument, nous allons vers cela ».

Il serait cependant sans doute erroné de voir autre chose dans ces dernières déclarations que la manifestation des intérêts russes dans le contexte qui l'oppose actuellement à l'Occident. La recherche d'une internationalisation pour le règlement du conflit voulue par le gouvernement arménien inquiète une Russie affaiblie. Elle aussi se recherche des alliés et ne souhaite pas en tous cas assister au départ de ses partenaires traditionnels vers d'autres girons.

Derrière les mots serpente la route arménienne du Zangezur, la Russie peut-elle encore l'offrir à l'Arménie ?