Alors que Sergei Lavrov arrive à Bakou ce jeudi pour une visite de travail de deux jours, sa porte-parole, Maria Zakharova, est revenue sur plusieurs questions d'actualité relatives à la situation au Sud-Caucase au cours de son point presse hebdomadaire du 22 juin.
Annonce, donc, du déplacement en Azerbaïdjan du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, aujourd'hui et demain vendredi 24 juin, pour des entretiens qu'il mènera avec son homologue Jeyhun Bayramov et le président Ilham Aliyev. Outre les questions concernant le suivi de leurs relations bilatérales, le ministre russe et ses interlocuteurs devraient revenir en détail sur celles concernant la mise en place des accords trilatéraux dans le Sud-Caucase.
Le 22 février dernier, les présidents Poutine et Aliyev cosignaient une déclaration "interalliée" visant à définir précisément le cadre, sinon à les harmoniser, des relations entre l'Azerbaïdjan et la Russie, rendues parfois d'autant plus difficiles dans le contexte doublement tendu de la recherche d'un compromis au Caucase et de la guerre qui éclatait en Ukraine. Un pacte de "non-intervention" aux yeux de certains.
De récents évènements viennent toutefois alimenter la polémique entre Moscou et Bakou sur lesquels Maria Zakharova a tenu à apporter quelques précisions.
Le 3 juin, le media russe RIA Novosti publiait une interview d'Artak Beglaryan, ministre d'État de la République d'Artsakh. Quelques jours plus tard, les autorités de Bakou décidaient du blocage de l'accès au site Internet de l'agence de presse russe et plus récemment, s'opposaient au renouvellement du permis de séjour des employés du journal Spoutnik.
Se gardant bien d'évoquer le chantage politique que suggérait un journaliste, Maria Zakharova a préféré répondre sur le terrain du droit fondamental de la liberté d'expression et des journalistes, indiquant l'attachement de Moscou à résoudre « les problèmes existants et émergents avec nos partenaires dans un format bilatéral […] Nous développerons des relations dans la sphère médiatique, basées sur le besoin général de lutter contre les contrefaçons et la désinformation, j''espère qu'il y aura le moins de précédents possibles » précise-t-elle.
La porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe est ensuite intervenue sur le processus de stabilisation régionale et de règlement du conflit entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie pour lesquels la Russie déploie beaucoup d'efforts mais peine à réellement initier.
Évoquant la mort du soldat arménien Hrach Piliposyan, le 19 juin à Vardenis, suite à la violation du cessez-le-feu par les forces azerbaïdjanaises, malgré les pourparlers de paix en cours, Maria Zakharova a déploré la survenue « d'incidents périodiques dans certaines régions frontalières de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie, confirmant la pertinence et la nécessité (cela a été dit à plusieurs reprises) du travail systématique et régulier de la Commission sur la délimitation des frontières. Nous sommes prêts à accueillir sa deuxième réunion à Moscou dès que possible, comme convenu par les parties le 24 mai de cette année. Il est également important de prendre des mesures pour accroître le niveau de stabilité et de sécurité à la frontière ».
Au sujet des travaux de la Commission de déblocage des communications régionales : « Nous nous félicitons de l'intensification des activités du groupe de travail trilatéral […].Le 3 juin, une réunion ordinaire de ce groupe s'est tenue à Moscou, au cours de laquelle les parties ont rapproché leurs positions sur un certain nombre de questions. Les discussions se sont poursuivies les 16 et 17 juin de cette année, en marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg. La partie russe continuera d'apporter une assistance étroite à ce processus ».
Plate-forme régionale consultative 3+3 : « Je peux confirmer que l'accord sur les dates et le lieu de la deuxième réunion est en cours. Nous partons du fait que ces informations seront fournies par l'organisateur de l'événement. Pour notre part, nous donnerons des commentaires supplémentaires » .
Déclaration de la secrétaire adjointe du Département d'État américain sur le soutien des États-Unis et leur volonté de coopération avec la Russie au sein du groupe de Minsk : « Je me permettrai de douter de la sincérité de la déclaration de K. Donfried. Si Washington et Paris considéraient vraiment important le format de médiation unique de la coprésidence du groupe de Minsk de l'OSCE, ils ne se permettraient pas de négliger le mandat approuvé par tous les États participants, rompant avec défi les contacts avec le coprésident russe du groupe de Minsk le 24 février de cette année sans aucune consultation […] La partie russe, est intéressée comme personne d'autre par la normalisation des relations entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Elle ne peut pas permettre que les démarches politisées d'acteurs extérieurs individuels sapent les efforts déjà difficiles pour rétablir la paix et la stabilité dans la région. Nous continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour remplir sans condition les obligations et les tâches énoncées dans les déclarations des dirigeants de la Fédération de Russie, de la République d'Azerbaïdjan et de la République d'Arménie en date du 9 novembre 2020, janvier 11 et du 26 novembre. 2021 ».
