Le tragique "Chant d’Artsakh" de Michel Petrossian aux étudiants de l’UFAR

Arménie francophone
27.01.2022

Dans le cadre de son cycle de conférences "Collège des érudits", l’Université française en Arménie accueillait ce mardi 25 janvier, le compositeur et homme de lettres Michel Petrossian à l’occasion de la publication de son essai "Chant d’Artsakh".

Par Marguerite Drieux

Venu à Erevan finaliser la préparation d'un concerto au violoncelle avec l’Orchestre philharmonique national arménien, l'artiste français est allé à la rencontre des étudiants ufariens et leur a donné lecture de ses textes qui reviennent sur les événements qui ont agité l’Arménie en 2020.

« Un ouvrage né du désir de rompre le silence sur la situation en l’Arménie »

Virtuose des mots tout autant que des notes, Michel Petrossian ne s’imaginait pas voir un jour son nom figurer sur une première de couverture. C’est suite au constat de l'indifférence globale vis-à-vis de la guerre de 2020, qu’il s’est lancé, au fil des jours, dans la rédaction en ligne de courts écrits, un partageant son regard et son ressenti sur les événements en cours, se donnant pour mission de « rendre ce problème sensible aux autres ». À sa grande surprise, il a su éveiller l’intérêt de nombreux lecteurs sur les réseaux sociaux, qui l’ont encouragé à poursuivre ses publications et à les réunir dans un même ouvrage.

Un regard subjectif pour des réflexions globales

Aux approches géopolitique et journalistique, Michel Petrossian privilégie « le filtre de l’émotion et de la réflexion » pour relater les événements et « élargir le propos, afin de donner à réfléchir sur des sujets qui agitent le monde aujourd’hui ».

Dans ses textes, loin de se contenter d’énumérer chronologiquement les faits, il mêle récits de soldats, réflexions sur l’Arménie et questionnements philosophiques. Il donne aux mots une portée qui dépasse le seul cas de l’Arménie en période troublée. « L’écriture comme véritable arme, […] la puissance d’un texte quand il est bien écrit ».

Michel Petrossian, bien que personnellement concerné par les pertes causées dans son pays natal, est parvenu à s’émanciper du registre de la dénonciation pour faire part de ses questionnements et amener à une réflexion plus large trouvant écho en chacun des lecteurs.

Là est la force de "Chant d’Artsakh", un recueil qui parvient à capter un lectorat hétéroclite, grâce à des passages qui s’appuient autant sur des références bibliques pour accompagner les réflexions de l’auteur, que sur des publications Facebook de jeunes partis au combat.

Parmi les textes lus lors de sa présentation, “Shant” et “Un violoniste dans les tranchées”, récits de jeunes confrontés à l’horreur et partis trop tôt, ont particulièrement résonné entre les murs de l’UFAR qui a perdu onze de ses étudiants au cours de cette guerre. La conférence s’est achevée sur une remarque de Gagik Hakobyan, professeur de français, qui a rappelé « le devoir de parole » qui s’imposait à chacun.

« Le monde est un discours, celui qui est le plus porté est celui qui triomphe. » Ce sont les mots de Michel Petrossian qui ont triomphé ce mardi 25 janvier, lors de cette conférence qui s’inscrivait dans la thématique “Mémoire et Transmission” mise à l’honneur par l’UFAR cette année.