Lyon, capitale de la coopération décentralisée franco-arménienne

Arménie francophone
29.06.2022

Agriculture, tourisme, et "smart cities" sont au programme des 4èmes Assises de la coopération décentralisée entre la France et l'Arménie qui s'ouvrent à Lyon ce mercredi .

Par Olivier Merlet

Moment fort de la relation franco-arménienne, les Assises sont l’occasion pour les collectivités territoriales arméniennes et françaises d’échanger leurs expériences et de mutualiser les apports de leurs coopérations, d'en dresser le bilan et de planifier celles à venir. Au fil des Assises, le nombre des partenariats est allé croissant et on compte aujourd’hui une quarantaine d'initiatives, pour moitié orientées autour du développement urbain, agricole et rural, de la gouvernance locale et de la santé, l'autre étant consacrée à des initiatives culturelles, touristiques et éducatives. Les actions engagées visent à dynamiser et développer les collectivités territoriales ainsi qu'à partager un savoir-faire avec le concours de leurs partenaires techniques. 

Placées sous l’égide conjointe des ministères des Affaires étrangères français et arméniens, de leurs ambassades respectives et du ministère arménien de l’Administration territoriale et des infrastructures, ces 4èmes Assises sont organisées par la métropole et la ville de Lyon, en partenariat avec l'union des Communes d’Arménie et de Cités-unies France. Invités de marque venus d'Arménie, Vache Terteryan, vice-ministre arménien de l'Administration territoriale et des Infrastructures, le Maire d'Erevan, Hrachya Sargsyan, et Emin Yeritsyan, président de l’union des Communes d’Arménie se tiendront aux côtés des nombreux élus et personnalités françaises présentes.

Initialement prévues en novembre 2020, la pandémie mondiale de Covid et la guerre de l'automne 2020 avaient contraint leur organisme de tutelle, Cités-unies France, à les différer à deux reprises jusqu’à cette année. Elles s'ouvrent donc ce 29 juin pour deux jours, dans un contexte de réforme territoriale en Arménie. Elles ont redéfini les périmètres de certaines communes, réduit leur nombre tout en modifiant parfois leurs compétences. Ces assises 2022 seront organisées autour de trois thématiques : tourisme, agriculture et développement urbain par le biais du concept de ville intelligente, plus connu sous sa dénomination anglaise de "smart city".

Trois ateliers de travail correspondants, portés par les élus des différentes collectivités territoriales françaises et arméniennes permettront les échanges d'idées, d'expérience et de confronter leurs projets et réalisations réciproques. Les questions de financement des collectivités par des bailleurs nationaux et internationaux et du montage de leurs projets seront également abordés avec des représentants de l'Agence Française du Développement (AFD), de son pendant allemand du GIZ et du ministère des Affaires étrangères français. Les ateliers seront complétés le lendemain par des visites de terrain autour des thèmes abordés.

L'agriculture et développement rural seront donc une nouvelle fois à l'honneur de ces quatrièmes assises. L’atelier se propose cette année de réfléchir collectivement au rôle des collectivités et des services déconcentrés de l’État arménien dans le développement agricole du pays, au regard des récentes réformes de décentralisation. Au programme : diversification des productions agricoles locales dans la province du Tavush (en partenariat avec le département des Hauts de Seine), promotion du secteur vitivinicole et d’une filière œnotouristique sur la commune d'Areni (avec la ville de Bandol, dans les Bouches du Rhône) et présentation des fonds de soutien au développement local des communes rurales.

Souvent complémentaire à la ruralité, le secteur du tourisme fera l'objet du deuxième atelier des Assises. Comment repenser l'activité en période d'après crise ? Les deux dernières années ont en effet affecté significativement un secteur touristique arménien débutant mais jusqu'alors prometteur et en plein essor. Plusieurs conférences tenteront de répondre à cette question par l'exemple d'un projet structurant de développement touristique autour de la randonnée dans le département de l’Isère. La région de Gegharkunik, les villes de Sevan, Goris et Vienne échangeront leurs expériences sur cette industrie vue comme levier de mobilisation, de décloisonnement et de développement de territoires peu pourvus de toute autre ressource.

Troisième atelier de l'évènement lyonnais, enfin, celui des villes intelligentes et durables, les "Smart cities". Ce concept initialement développé aux Etats-Unis s'est rapidement imposé pour désigner les stratégies d'innovation urbaine partout dans le monde. Il se présente comme une réponse aux défis de l'urbanisation, de la raréfaction des ressources et du changement climatique, pour une ville soucieuse de son environnement, capable d’éviter la congestion de ses infrastructures de transport, maîtresse de ses consommations et dotée de moyens de communication facilitant l’accès des citoyens à ses services mais également leur gestion technique et domotique. Issy-les-Moulineaux en est une pionnière en France et témoignera de son expérience en la matière, un représentant de la mairie d'Erevan devrait de même présenter le "Yerevan program for urban change". L'atelier est prévu pour imaginer et poser les bases d'une coopération portant sur la gestion de projets de"smart city" ou "smart village" en Arménie, de sa conception à sa mise en service.

La coopération décentralisée franco-arménienne s’inscrit dans une longue histoire d’amitié entre les deux pays. Au lendemain de l’indépendance, que la France fut l’un des premiers pays à reconnaître, un Traité d’entente, d’Amitié et de Coopération a été signé avec l’Arménie dès 1993. Les collectivités territoriales témoignent de ce lien particulier, le premier jumelage de villes datant de 1968 et réunissait Bagneux et Vanadzor. Les premières Assises de la coopération décentralisée franco-arménienne se sont déroulées à Erevan en octobre 2010. Elles ont conduit Cités-unies France à créer un groupe-pays Arménie afin d’appuyer les collectivités territoriales françaises toujours plus nombreuses désirant s’engager dans la coopération avec les autorités locales arméniennes.