
A l’occasion du 25e anniversaire de l’Université française en Arménie (UFAR), Le Courrier d’Erevan lance une série d’interviews consacrée aux parcours de réussites des alumni de l’UFAR, en commençant par les tous premiers diplômés.
Diplômée de l’Université française en Arménie (UFAR), Arevik Avagyan incarne une génération d’étudiants pour qui l’éducation francophone a été un tremplin vers des carrières solides, humaines et ancrées dans la réalité du pays. Aujourd’hui directrice adjointe des opérations chez Team Telecom Armenia, elle revient sur un parcours fait de choix réfléchis, d’adaptabilité et de fidélité à ses valeurs profondes.
L’UFAR, un pari prometteur
Quand Arevik entre à l’UFAR en 2001, elle n’a pas encore de vocation précise. Ce sont les encouragements de sa mère et la réputation prometteuse de cette jeune université qui orientent sa décision. À l’époque, les universités publiques dominaient, mais l’UFAR, toute nouvelle, attire l’attention par son exigence et sa pédagogie novatrice.
« J’ai fait confiance à cette intuition. Dès le départ, l’université m’a permis de me démarquer. Son nom inspirait déjà une certaine considération, même à ses débuts », confie-t-elle. Elle y suit un cursus en gestion, poursuivi par un master en finance, audit et comptabilité, et y découvre un enseignement qui donne une place essentielle à la parole de l’étudiant.
« On nous apprenait à exprimer nos opinions, à argumenter, à débattre. Cela a vraiment renforcé mon estime de moi. »
D’une formation en finance à un poste de direction
Arevik entame sa carrière au sein d’un opérateur de télécommunications arménien. Seize ans plus tard, toujours dans la même structure – désormais connue sous le nom de Team Telecom Armenia –, elle occupe un poste de haut niveau : directrice adjointe des opérations. Elle y supervise plusieurs pôles stratégiques, tels que les transports, la logistique, les services achats ou encore la gestion immobilière.
Malgré sa formation en finance, elle a progressivement orienté sa trajectoire vers un domaine où l’interaction humaine est centrale. « J’ai choisi un poste qui allie la gestion à la communication. C’était essentiel pour moi. Travailler uniquement avec des chiffres ne me suffisait pas. »
Et si c’était à refaire ? « J’aurais peut-être exploré le marketing, un domaine plus axé sur les échanges. Mais au fond, ce que je fais aujourd’hui me correspond. »
La réussite, une question d’attitude
Lorsqu’on lui parle de réussite professionnelle, Arevik reste mesurée : « Je ne me considère pas comme une personne qui a "réussi" au sens classique du terme. Pour moi, quelqu’un qui réussit est capable d’affronter l’inconnu avec courage, tout en gardant sa place et sa valeur au sein de sa famille et de la société. »
Elle estime que le succès repose à 80 % sur le travail et l’engagement personnel, le reste étant une question de circonstances, parfois de chance. Elle évoque aussi les défis quotidiens de son rôle : « Être un leader n’est pas un titre, c’est un travail constant. Il faut s’adapter aux différences d’âge, de mentalité, de culture. C’est un défi de chaque jour. »
Les valeurs comme boussole
Arevik met un point d’honneur à rester fidèle à ses principes : la liberté, l’amour, la gratitude, la discipline et la sociabilité sont des repères constants dans sa vie. Sa devise ? « Toujours chercher un but, un sens dans ce que l’on fait. »
L’un des apprentissages les plus précieux de ses années à l’UFAR reste la liberté d’expression : « Ne jamais cacher ce que je pense, dire les choses sans peur d’être jugée. C’est une force. »
Une éducation utile et marquante
Pour elle, les enseignements de l’UFAR ont eu une réelle utilité sur le terrain : « Les connaissances acquises m’ont beaucoup servi, même si on ne peut pas tout apprendre à l’université. La réalité du travail est autre chose, il faut sans cesse s’adapter. »
Elle garde en mémoire deux enseignants marquants, Levon Khachatryan (finance) et Varoujan Avetiqyan (droit), qu’elle considère comme des modèles.
Son plus beau souvenir ? Un stage à Nice, en France, qu’elle qualifie d’"incroyable", riche en découvertes personnelles et professionnelles.
L’avenir de l’UFAR et les défis à venir
Arevik souhaite que l’UFAR conserve son exigence et sa réputation d’excellence. « J’espère qu’elle restera une université compétitive, avec des étudiants brillants et travailleurs. »
Elle souligne aussi l’importance des langues étrangères, atout indéniable dans un contexte globalisé, même si son environnement professionnel est aujourd’hui plutôt arménien et russophone.
À ceux qui hésitent encore sur leur avenir, Arevik adresse un message empreint de bon sens : « Ne choisissez pas par défaut. Prenez le temps de trouver ce qui vous passionne vraiment, même si cela retarde un peu votre parcours. Et surtout, soyez sincères avec vous-mêmes. »