Le théâtre de l’absurde version arménienne

L'édito du mois
24.06.2021

La nouvelle était redoutée, elle est maintenant confirmée : l’Arménie s’apprête à signer un nouveau document tripartite, avec la participation de l’Azerbaïdjan et de la Russie, dont le contenu demeure secret. Le premier ministre Nikol Pachinian a annoncé la nouvelle le Jeudi 20 mai, lors de la séance du Conseil du gouvernement. Après le désastreux traité de capitulation impliquant les mêmes acteurs et signé secrètement le 9 novembre 2020, on est en droit à s’attendre au pire…

Cette annonce intervient au neuvième jour de la présence inexplicable et inexpliquée des troupes azerbaïdjanaises sur le sol arménien – dans le Sud, dans la région stratégique de Syunik, et dans le Nord-Est, près du laс Sevan. Environ deux cents militaires armés et équipés (il seraient aujourd’hui six cents, selon le premier ministre) sont entrés sur le territoire souverain de la République d’Arménie sans rencontrer la moindre opposition des forces armées nationales et y demeurent depuis.

Plus encore, l’armée arménienne avait reçu l’ordre de ne pas utiliser les armes – c’est tout juste s’il ne fallait pas inviter à manger les soldats azéris qui, il y a six mois seulement, menaient une guerre sanglante contre les Arméniens d’Artsakh. Par ailleurs, la question du ravitaillement de ces hommes présents sur le sol arménien depuis plus d’une semaine reste un mystère : comment ont-ils fait ? Est-ce que cela veut dire que la frontière reste perméable pour livrer des vivres ou bien, est-ce que c'est l’armée russe, présente sur le sol arménien, qui les avait ravitaillés ?

Ainsi, force est de constater que la République d’Arménie ne peut pas (ou ne veut pas ?) protéger ses frontières. Son allié stratégique – la Russie – a tout fait pour ne pas condamner cette invasion. Pire : elle semble profiter largement de son rôle du « grand frère protecteur » pour en réalité défendre ses propres intérêts au détriment de ceux de son allié-vassal, l’Arménie. Malgré l’invasion militaire, aucune mobilisation n’a été décrétée, et on parle dès le premier jour des « négociations » avec l’ennemi. Peut-on imaginer la chose pareille dans un autre pays, aussi dépourvu soit-il ???

C’était bien le président français Emmanuel Macron qui a été le premier pour lever la voix et condamner l’invasion de l’armée azérie sur le territoire souverain et internationalement reconnu d’Arménie, ainsi que défendre l'intégrité territoriale de l'Arménie. Il a été suivi par quelques autres pays, dont les Etats-Unis, l’Inde ou alors l'Union européenne, mais toujours pas entendu. L’aide proposée par la France ne semble pas être acceptée par l’Arménie. Il en est de même avec celle de l’Iran qui avait dépêché en Arménie une dizaine de hauts gradés militaires. On devine bien les vraies raisons de ce refus : la chasse gardée de la Russie, l’Arménie refuse toute alternative de coopération militaire, comme elle l’avait refusé auparavant dans le domaine énergétique, en préférant le gaz russe à celui iranien, malgré un ratio de prix de 3/1…

Le document qui s’apprête à signer Pachinian est, selon lui, « à 100% dans les intérêts de l‘Arménie ». On a du mal à y croire en voyant le développement des événements depuis septembre dernier où le mensonge est devenu le pain quotidien des officiels arméniens, et où les décisions stratégiques allant à l’encontre des intérêts nationaux ont été prises et appliquées dans le plus grand secret. Son contenu est tenu secret. D'après les informations qui ont filtré, il s'agirait de "donner" à l'Azerbaïdjan plusieurs villages frontaliers d'Arménie.

Un scénario de haute trahison serait-il en train de se jouer ?