L'agence de notation financière internationale Moody's révise à la hausse son appréciation de l'économie arménienne qu'elle qualifie désormais de stable.
Par Olivier Merlet
En cette fin d'année scolaire, pire que la remise aux enfants du carnet à faire signer par les parents, les bulletins de notes du trio infernal Fitch, Standard & Poor's et Moody's - les agences internationales de notations financières - font trembler les plus puissants de l'économie mondiale. Dernier exemple en date celui de la France et de Bruno Lemaire, son ministre de l'économie, qui a poussé un ouf de soulagement en voyant maintenu son AA par Standards & Poor’s.
Ce matin 22 juin, au contraire, et comme l'élève laborieux qui ne s'y attendait pas, pas de soulagement mais une grosse surprise, l'Arménie a découvert à sa plus grande joie que Moody's, depuis son bureau de Singapour, approuve son passage en classe supérieure lui accordant enfin des perspectives "stables" et non plus "négatives" comme elle en avait l'habitude.
Confirmant à "Ba3" les notes d'émetteur à long terme [NDLR : la dette] en monnaie locale et en devises étrangères du gouvernement arménien, ainsi que les notes de premier rang non garanties en devises étrangères, Moody's modifie parallèlement son évaluation des risques concernant le "profil-crédit" de l'Arménie [NDLR : son "profil" d'emprunteur sur les marchés financiers], « stables et équilibrés » mentionne l'agence, dont la dernière révision en mars 2022 les qualifiait de "conséquents" et ses perspectives "à la baisse".
«Les paramètres économiques et fiscaux de l'Arménie se sont nettement améliorés au cours de l'année écoulée, grâce à un afflux de revenus, de capitaux et de main-d'œuvre en provenance de Russie », communique Moody's, qui s'attend à ce que cet afflux se poursuive, au moins en partie, et que la croissance économique de l'Arménie reste robuste au cours des prochaines années, « même si elle se rapproche de la tendance générale ». L'agence de notation s'attend également à ce que les paramètres budgétaires de l'Arménie se stabilisent autour des niveaux actuels, le fardeau de la dette étant plus faible qu'avant la pandémie, ce qui renforce la solidité budgétaire. « Toutefois, les améliorations du profil économique et budgétaire du pays sont contrebalancées par des risques géopolitiques plus élevés », précise malgré tout l'agence de notation .
La confirmation de la note Ba3 met en balance le potentiel de croissance robuste de l'Arménie et la solidité modérément élevée de ses institutions ainsi que de sa gouvernance, avec « une économie relativement modeste à revenu moyen », qui limite sa capacité à absorber les chocs.
Pour les spécialistes, notons que les plafonds nationaux de l'Arménie en monnaie locale et étrangère restent inchangés, respectivement à Baa2 et Ba1. L'écart de deux crans entre le plafond en devises et le plafond en monnaie locale tient compte, selon Moody's « de l'efficacité modérée de la politique de l'Arménie et de l'ouverture du compte de capital, ce qui indique que les risques de transfert et de convertibilité sont faibles [NDLR : réserves insuffisantes en moyen de paiement internationaux ], même en période de tensions ».
Pour les spécialistes intéressés toujours (armez-vous d'un dictionnaire économique au préalable pour les autres), nous mettons en ligne le rapport complet (mais en anglais) effectué par l'agence de notations Moody's sur l'économie et la santé financière de l'Arménie en 2023.