Alors que le gouvernement présentait la semaine dernière un plan budgétaire 2024 en hausse de plus de 15%, certains spécialistes au contraire appellent à la prudence, voire aux mesures d'urgence.
Par Olivier Merlet
Le vif regain des tensions ces dernières semaines laissent craindre à de nombreux économistes et entrepreneurs arméniens de bien sombres perspectives pour les mois et l'année à venir. Le conflit avec l'Azerbaïdjan, la politique continuellement hostile de la Turquie vis-à-vis de l'Arménie et surtout de possibles représailles de Moscou suite aux velléités d'Erevan de se détacher de sa sphère d'influence pourraient bientôt prendre une tournure désastreuse.
Le fait n'est peut-être pas si anodin, nous en parlions il y a deux jours, les exportations de Brandy arménien vers la Russie sont sujettes depuis quelques semaines à des contrôle administratifs renforcés et très tatillons provoquant l'attente de files de camions au poste frontière de Verkhini Lars en Géorgie. Signal d'alerte ? La Russie représente 80% des débouchés du commerce extérieur arménien.
Vahram Mirakyan, président de l'Union des entrepreneurs de Mantachyants, le premier club d'affaires international en Arménie écrit ce matin sur sa page Facebook : « Il est possible que l'alliance russo-turque, ayant mené le blocus de l'Artsakh à sa conclusion logique, passe au blocus de l'Arménie. La Russie - en guise de punition pour avoir tenté de quitter sa sphère d'influence - , la Turquie - conformément à la politique mise en œuvre à notre égard au cours des 200 dernières années - pour détruire le facteur arménien dans la région.
L'économie arménienne doit être prête à fonctionner de manière autonome pendant au moins un an en cas de blocus, elle doit tirer les leçons de l’effondrement économique de 1991 ainsi que du blocus de l’Artsakh en 2023 ».
Sécurité énergétique, alimentaire et sécurisation des communications. L'homme d'affaires, développe un programme en trois points.
Le plus important pour lui : porter la production autonome d'électricité en Arménie à un niveau suffisant pour répondre à la demande intérieure. Il prône pour cela l'intensification du recours aux énergies vertes, solaire, éolienne et hydroélectrique. « Il s’agit d’une tâche difficile et de longue haleine, mais il n’y a pas d’alternative ». Il encourage par ailleurs les institutions gouvernementales (ministère des Situations d'urgence, police, structures gouvernementales locales et centrales, etc.) à développer les capacités de stockage. et d'utiliser de manière autonome leur propre énergie solaire grâce à des batteries.
La sécurité alimentaire impliquant le stockage ou « la capacité de la production nationale de répondre aux besoins» d'un an de céréales et de produits de base. « Il n'est pas nécessaire de découvrir quoi que ce soit à ce sujet, la plupart des États ont l'expérience d'accumuler et de maintenir leurs réserves intérieures » précise Vahram Mirakyan.
Enfin, il rappelle le rôle crucial que joue de l’Internet par satellite en Ukraine quant à la sécurisation des infrastructures de communication et recommande à l'Arménie de suivre son exemple, « afin d' assurer la circulation de l’information dans les situations critiques.
« Les entreprises privées doivent également être prêtes à fonctionner sans interruption dans des conditions de blocus pendant au moins trois mois », ajoute-t-il avant de conclure : « nous devons tirer les leçons de l'histoire ».