L'Azerbaïdjan menace l'Arménie de guerre

Région
08.05.2020

Le 4 mai dernier, un militaire arménien sous contrat, Taron Poghosyan, a été mortellement blessé dans l'explosion d'une mine terrestre au Haut-Karabakh. Une enquête a été lancée pour examiner les circonstances de l'incident.

Quelques jours plus tôt, le 2 mai, le chef du ministère de la Défense de l'Azerbaïdjan, le général Zakir Hasanov, a tenu une réunion officielle avec les dirigeants de l'armée azerbaïdjanaise. Selon le service de presse du ministère de la Défense azerbaïdjanais, Zakir Hasanov a noté dans son discours que la guerre [avec l'Arménie] peut commencer à tout moment.

Le ministre de la Défense a attiré l'attention des dirigeants de l'armée sur le fait que récemment, avec l'intensification des actions provocatrices de l'ennemi, la probabilité de reprise des hostilités a augmenté de façon spectaculaire. Des instructions spécifiques ont été données par le ministre pour renforcer les renseignements de toutes sortes sur la ligne de front, ainsi que pour vérifier l'état de préparation du personnel pour la formation intensive, l'entraînement et les exercices.

Il convient de noter que les déclarations de Zakir Hasanov contredisent tous les accords et le processus de règlement pacifique du conflit du Karabakh.

Tant que les dirigeants de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan ont convenu de préparer les peuples à la paix, le ministre azerbaïdjanais de la Défense sape fondamentalement la volonté de résoudre le conflit de manière pacifique.

Le 29 avril, les ministères de la Défense arménien et azerbaïdjanais se sont accusés mutuellement d'utiliser des mortiers sur la ligne de contact et de violer l'accord de cessez-le-feu. 

Récentes déclarations de Mnatsakanyan et Mammadyarov sur la question du règlement

Le 4 mai, le ministre arménien des Affaires étrangères Zohrab Mnatsakanyan s'est exprimé pendant la session de la commission permanente des relations étrangères de l'Assemblée nationale et a déclaré qu'une approche progressive du conflit du Haut-Karabakh serait possible, mais qu'elle devrait prévoir des compromis proportionnels de toutes les parties du conflit. « Il est essentiel pour nous d'établir un cadre global dans lequel les obligations de toutes les parties sont comparables et contrôlables. Je le répète, s'il s'agit d'une variante étape par étape, où une partie met en œuvre ses engagements et n'obtient pas de mesures comparables de l'autre partie, il est impossible d’avoir des résultats », a déclaré le ministre.

Mnatsakanyan a également réaffirmé que la « sécurité du peuple du Haut-Karabakh » restait la priorité de son agenda. « Nos positions sont fermes. Nous avons un consensus et une force intérieure. Le mandat du gouvernement découle du mandat du peuple. Et si quelqu'un pense que les positions de l'Azerbaïdjan sont acceptables pour tous, il se trompe profondément. Le processus est vraiment compliqué », a-t-il ajouté.

Quelques jours auparavant, le ministre azerbaïdjanais des affaires étrangères, Elmar Mammadyarov, avait déclaré que la restitution des territoires azerbaïdjanais occupés avait toujours fait partie des négociations de paix avec l'Arménie sur le Haut-Karabakh. « Les détails des négociations ne sont pas accessibles au public. Toutefois, à ce jour, le format général des négociations a été précisé par les coprésidents ainsi que par les dirigeants des pays coprésidents à de nombreuses occasions. Tous cela reflète les éléments d'un règlement progressif du conflit, ce qui signifie que l'élimination progressive des conséquences du conflit, la libération initiale des territoires occupés autour du Haut-Karabakh, le retour des Azerbaïdjanais expulsés de ces territoires, l'ouverture de communications entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, la garantie de conditions permettant aux deux communautés de la région du Karabakh de cohabiter pendant un certain temps, et l'examen du statut de la région dans le cadre de l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan lors des prochaines étapes sont envisagés », a-t-il noté.

Le 21 avril, le ministre russe des Affaires étrangères Sergey Lavrov a déclaré qu'il existe actuellement un document sur la table qui propose une solution progressive au conflit du Haut-Karabakh et a exprimé sa position sur une solution progressive au conflit, qui est un sujet de discussion depuis de nombreuses années et qui est clairement énoncé dans les déclarations des coprésidents. La porte-parole du ministère arménien des Affaires étrangères, Anna Naghdalyan, a commenté la déclaration en disant que depuis 2018, l'Arménie n'a pas négocié une approche progressive concernant le règlement. Lavrov, en revanche, a fait valoir qu'un tel document existe.

Le département de presse du ministère des Affaires étrangères a rapporté que Zohrab Mnatsakanyan a eu une conversation téléphonique avec son homologue russe mercredi le 5 mai à l'initiative de la partie russe. Au cours de la conversation téléphonique, les interlocuteurs ont évoqué le processus de paix du conflit du Haut-Karabakh sous les auspices de la coprésidence du Groupe de Minsk de l'OSCE. Aucun autre détail n’a été rapporté.

Pachinian sur les négociations du Haut-Karabakh

Le 6 mai, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a assisté à la session de questions-réponses de l'Assemblée nationale où il a parlé des récentes déclarations faites au sujet du règlement du conflit du Haut-Karabakh. « Si quelqu'un veut mettre en doute notre position, je considère qu'il s'agit d'une manipulation. Nous avons l'autorité du peuple pour négocier sur la question et nous utiliserons cette opportunité. Et ne laissez personne nous dire : sur quoi vous négociez ? Nous négocions sur ce que nous jugeons nécessaire ». Il a déclaré que sa position sur le règlement du conflit du Karabakh reste inchangée, réaffirmant que toute solution au conflit est impossible si elle n'est pas acceptable pour les peuples d'Arménie et de l'Artsakh.

Pachinian a souligné qu'aucun dirigeant arménien n'avait présenté sa position sur la question de l'Artsakh aussi souvent qu'il l'a fait : « Aucun dirigeant n'a été aussi public et transparent que moi sur le conflit du Karabakh. Nous avons une position claire, indépendamment de toutes les autres positions existant dans le monde. Naturellement, il existe aussi des positions différentes des nôtres. Et tout ce processus de règlement pour tenter de répondre à une question : pouvons-nous faire converger les positions, pouvons-nous formuler une position commune ? ».