Le Karabagh en appelle au Conseil de sécurité des Nations-Unies... présidé par la Russie

Région
03.04.2023

Alors que la Russie vient de prendre pour un mois la présidence tournante du Conseil de sécurité des Nations-unies, le Karabagh appelle l'instance suprême de la gouvernance mondiale à garantir les conditions d'une vie normale sur son territoire.

Par Olivier Merlet

 

Samedi 1er avril, cela n'avait rien d'un poisson: la Russie, à la grande indignation de Volodomir Zelenski, prenait la tête du Conseil de sécurité des Nations Unies. « Une honte, une absurdité extrême, un coup symbolique porté à un ordre international fondé sur le droit » se sont offusquées les autorités ukrainiennes…

Pour surprenant qu'il puisse y paraître, cette nomination ne déroge pourtant en rien du fonctionnement normal et du règlement en usage depuis 1945 à l'institution new-yorkaise. La présidence du Conseil est tournante, assurée pour un mois par chacun des quinze membres qui le composent. C'est le tour de la Russie, tout comme en février 2022 d'ailleurs, au moment même du déclenchement de la guerre en l'Ukraine. Sergeï Lavrov en assumera la responsabilité.

Toujours est-il que dès le 2 avril, autre ironie du calendrier, à l'occasion de la commémoration du septième anniversaire de la guerre des 4 jours, le ministère des Affaires étrangères d'Artsakh a lancé un appel au fameux Conseil pour réclamer la mise en œuvre de garanties internationales pour une vie normale des habitants du Karabagh.

Rappelons que la saisine du Conseil de sécurité ne peut être effectuée que par un État membre de l’ONU, un État non-membre partie au différend en question, l’Assemblée générale ou le Secrétaire général. La non reconnaissance du Karabagh rend cette saisine directe impossible. Il n'y a pas à douter que Moscou, comme toujours, tendra l'oreille aux doléances karabakhtsies.

Profitera-t-elle de son influence toute temporaire sur l’agenda du Conseil de sécurité pour agir davantage aux Nations Unies que sur le terrain ? Le doute est permis.