Rencontre Macron-Pashinyan: retour sur l'événement

Actualité
27.09.2022

Escale française pour Nikol Pashinyan de retour des Etats-Unis, il était reçu par Emmanuel Macron le 26 septembre au Palais de l'Élysée. Avant de s'entretenir en tête à tête, les deux chefs d'État ont tenu une conférence de presse conjointe.

Par Olivier Merlet

« Le territoire de l'Arménie a été pris pour cible, les infrastructures civiles ont été détruites. Face à cette situation inacceptable, la France a pris ses responsabilités » a déclaré le président français. « Tenant compte du fait qu'il y a des positions occupées, la France a exigé que les forces azerbaïdjanaises reviennent à leurs positions initiales. »

« Le fait que la frontière ne soit pas délimitée ne saurait justifier des avancées sur le territoire de l'autre pays», a poursuivi Emmanuel Macron, rappelant ainsi les propos qu'il avait adressé à Ilham Aliyev le 14 septembre et précisant d'ailleurs qu'il reparlerait au dirigeant azerbaïdjanais dans les prochaines heures. « Le président Aliyev dit qu'il veut aussi mettre fin à l'instabilité dans la région et trouver des solutions, toutefois, on ne peut bâtir la paix tout en faisant planer la menace du recours à la force» a-t-il souligné.

Remerciant le président français pour sa prise de position et avoir fait inscrire la question de l'agression azerbaidjanaise à l'ordre du jour du Conseil de sécurité des Nations Unies [NDLR : la France en assure actuellement la présidence] Nikol Pashinyan a contesté l'absence de délimitation des frontières entre administratives l'Arménie et l'Azerbaïdjan. « Je voudrais attirer l'attention de nos partenaires internationaux et de l'honorable président sur le fait suivant. Les spéculations selon lesquelles il n'y a pas de frontière exacte entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, parce que la frontière n'est pas démarquée et délimitée, n'ont rien à voir avec la réalité. Les frontières entre l'Arménie soviétique et l'Azerbaïdjan soviétique sont devenues des frontières d'État dans les premiers mois de l'indépendance des deux pays, l'Arménie et l'Azerbaïdjan ayant signé et ratifié l'Accord du 8 décembre 1991 sur l'établissement de la coopération entre États indépendants […] et les pays qui ont adhéré à l'accord reconnaissent ces frontières.

Cela signifie que les actions de l'Azerbaïdjan ne peuvent être évaluées autrement qu'en tant qu'agression consciente. »

Emmanuel Macron a réaffirmé que « l'usage de la force ne peut être une solution ni pour l'Arménie ni pour l'Azerbaïdjan et qu'il faut reprendre immédiatement le dialogue» Toutes les questions non résolues, qui sont nombreuses, doivent être résolues exclusivement par la négociation, notamment sous l'égide de l'Union européenne ». Il a convié Nikol Pashinyan à en examiner certaines avec lui au cours de leur entretien « pour voir comment la France, avec l'Union européenne et d'autres partenaires, peut contribuer à une paix durable. Je parle de la délimitation de la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Nous discuterons également des actions de l'ONU et de l'OSCE. »

Saluant « le courage du Premier ministre Pashinyan, qui a proposé une nouvelle approche pour l'avenir de la région », Emmanuel Macron a conclu : « Je veux que votre pays ait des frontières calmes et pacifiques ».

Avant de s'éloigner des micros pour s'entretenir en particulier avec son hôte, le Premier ministre arménien a estimé que « s'agissant des solutions à long terme, [il pensait] qu'il est nécessaire de signer le traité de paix arméno-azerbaïdjanais avec la reconnaissance mutuelle des frontières réaffirmée par l'accord du 8 décembre 1991». Nikol Pashinyan a assuré que « l'Arménie est prête pour l'ouverture des communications dans la région et la construction de nouvelles communications conformément à la législation nationale des pays qu'elles traversent ».

Il a enfin souligné le règlement de la question du Haut-Karabakh, « qui garantira les droits et la sécurité des Arméniens du Haut-Karabakh », évoquant, ce qui semble être une nouveauté de son discours, un « lancement des discussions Azerbaïdjan-Haut-Karabakh » qu'il pense « peut-être utile », rappelant également et une nouvelle fois, « dans ce contexte,  le rôle de la France en tant que pays co-président du Groupe de Minsk de l'OSCE ».