Badges numériques ouverts : certificats du futur

26.02.2021
EDITO DU MOIS
Complément spécial KASA

La formation permanente est devenue une pratique incontournable pour la “survie” et l’épanouissement de l’homme moderne, et elle se réalise souvent, de nos jours, à travers des outils et des méthodes d’éducation non formelle.  

Ayant évolué d’une structure à vocation majoritairement humanitaire à une organisation visant le développement durable, la Fondation Humanitaire Suisse KASA a privilégié depuis plus de dix ans la formation permanente et l’éducation non formelle. Cela l’a amenée à créer sa propre plateforme d’e-Learning, favorisant diverses formations à distance (formation de guides touristiques, initiation à la citoyenneté active, à l’entrepreneuriat social…), à élaborer des formations à distance à la demande de structures partenaires, à organiser le forum ““Unbordering” education” avec des intervenants de renommée mondiale tels que l’inventeur des MOOCS (l'abréviation anglaise de “Cours libres ouverts et massifs”) Stephen Downes ; et, dès 2016, à  introduire et développer la notion de “badges ouverts” en Arménie et j’en passe…

Au seuil de 2021, KASA et ses partenaires ont publié, avec le soutien du Ministère arménien de l'Éducation, des Sciences, de la Culture et des Sports et de l’UE, un manuel en ligne “Les badges ouverts: outil du travail de jeunesse numérique et de la formation permanente”. Il s’agit de familiariser les travailleurs de jeunesse et les jeunes d’Arménie avec ce nouveau type de “certificat” numérique, qui permet de valoriser savoir, savoir-faire et savoir-être et vient de ce fait, sinon remplacer, du moins compléter et diversifier les outils traditionnels d’appréciation des acquis éducatifs.

“Depuis longtemps, nous étions à la recherche d’un outil qui rendrait mesurables les changements qualitatifs observés chez les participants de nos projets de jeunesse.  KASA a réussi à développer le concept de badges ouverts, qui répond efficacement à ce défi”, explique Herminé Papikian, coordinatrice du projet d’éducation civique à KASA et coauteure du manuel sur les badges ouverts. “D’ailleurs, nos sondages et nos observations montrent que toutes les personnes en Arménie qui ont connaissance des badges ouverts les ont découverts à travers KASA !”, avance-t-elle.

L’actualité des outils éducatifs numériques est évidente, ce que le passage du “présentiel” au virtuel imposé par le confinement mondial en 2020 a démontré une fois de plus. “Le numérique est partout, à chaque pas d’un jeune, qu’il s’agisse de son éducation ou de ses loisirs”, remarque Herminé. D'où l'obligation, pour les travailleurs de jeunesse, de faire l’effort de se maintenir sur la même longueur d’onde que les jeunes en termes de connaissances et de compétences numériques. “Dès lors que ce point est assuré, le numérique devient un outil, de surcroît plus attractif, en faveur d’un travail plus approfondi avec les jeunes au niveau de leurs besoins et de leur épanouissement”, poursuit-elle, en s’appuyant sur son expérience de travail avec les jeunes depuis 2010.

Les Maisons de jeunes de Gumri et de Spitak font partie des structures qui ont participé à la formation sur les badges ouverts animée par KASA et élaboré leurs propres badges.

“La notion [de badges ouverts] nous intéresse d’autant plus qu’elle inclut, encore que sans excès, une certaine compétitivité. Elle favorise le travail en équipe et le développement personnel, tout en familiarisant les jeunes à l’usage d’outils éducatifs en ligne… En plus, c’est un outil visuellement attractif et hautement flexible que l’on peut adapter à n'importe quel type d’activité”, détaille Gayané Arakélian, coordinatrice de la Maison des jeunes de Gumri, en ajoutant : “De nos jours, les jeunes sont très présents dans le virtuel, il faut donc leur apprendre à utiliser la plateforme virtuelle de manière plus intéressante et utile, au-delà du simple divertissement”.

Djavahir Hakobjanian, travailleuse de jeunesse à la Maison des jeunes de Spitak, rejoint l’avis de Gayané quant à l’attractivité et l’efficacité des badges numériques. Elle estime qu’ils servent souvent “d'appât” pour inciter les jeunes à intensifier leur apprentissage, parfois même à leur insu.              “A Spitak, les jeunes ont du mal à envisager une quelconque perspective, d’autant que manquent des modèles de réussite locaux, d'où, fréquemment, l’absence d'intérêt pour l’obtention de nouveaux savoirs et savoir-faire. Dans ce sens la Maison des jeunes de Spitak, seul espace pour les jeunes de la ville, est devenue un vrai refuge pour eux. J’observe avec joie comment beaucoup de stéréotypes s’adoucissent peu à peu !”, remarque Djavahir.

Toutefois, la question d’un accès propre et régulier à Internet dans les communautés rurales, le taux de chômage élevé, l’absence de reconnaissance générale du système des badges ouverts par les établissements d’enseignement traditionnels et les employeurs en Arménie - qui n’ont souvent même pas entendu parler de CV dans beaucoup de petites villes et villages ! - rendent l’expérience acquise grâce à la formation numérique non formelle difficile à valider. “Les jeunes à qui nous proposons de s’engager dans la démarche d’obtention de badges numériques devraient être motivés non seulement par la perspective d’un passe-temps agréable et utile, mais aussi par la conviction que cela jouera un rôle positif dans leurs recherches de nouvelles opportunités éducatives ou d’un emploi”, conclut Herminé !