« Rue Oberkampf » est un spectacle racontant la grande aventure d'un chanteur débutant qui veut devenir célèbre en chantant des berceuses. « Le Lavomatic Tour » est une scène ouverte dans les laveries. Il s’agit de deux projets différents d’Ellie Guillou que le jeune artiste français était venu présenter en Arménie dans le cadre de la Saison de la Francophonie, sur l’invitation de l'Alliance française d'Arménie, en partenariat avec l'Ambassade de France et l'École Française Internationale à Erevan. Outre le spectacle, le 25 mars, et la scène ouverte du lendemain, Ellie a animé aussi des ateliers de conte avec des écoliers francophones d’Erevan.
Mélangeant conte, chant et théâtre, Ellie Guillou évoque, de manière romancée et stylisée, ce problème global qu’est l’acculturation, « ce mal de l’époque », à travers un cas particulier : le sien. « La matière première de l’artiste, c’est sa différence. Son métier, c’est de la cultiver, de l’exprimer, de l’enrichir. Mais cette différence, une fois brandie, peut rencontrer un phénomène de rejet car une esthétique nouvelle semble toujours bizarre. Mais avec le temps, le rejet peut se changer en ouverture. C’est l’histoire de la plupart des grands noms de la création, de Van Gogh à Stravinsky. À ma modeste échelle, j’ai rencontré ces rejets, ces censures, ces arrangements : on m’a proposé de polir, de raccourcir, d’amputer et chaque fois que j’ai accepté, je l’ai regretté », explique-t-il sur son site officiel.
Une des réponses, osée, de l’artiste français à cette exigence de « produits formatés » a été, entre autres, l’invention de son propre métier : celui du chanteur public qui, à l’instar de l’écrivain public, met son talent et ses compétences au service des autres, afin d’inventer des chansons sur mesure destinées à accompagner divers moments importants de leurs vies. Concept, qui a rencontré depuis 2011 un vif succès, avec des demandes de toute nature : naissance, funérailles, déclarations d’amour, querelles, etc. et un album comme aboutissement du processus.
L’idée du Lavomatic Tour est née chez Ellie sur les hauteurs de Belleville (Paris), lorsque, en marchant dans la rue Piat, le spectacle spontané de « trois mamas africaines » au Lavomatic a attiré son regard curieux : « [elles] colonisaient cette laverie délabrée en fourrant de grandes brassées de linge coloré dans les tambours à battements dont elles claquaient le hublot avec vigueur. Et elles riaient ! Et elles chantaient ! On avait soudainement envie d’être l’heureux possesseur d’un panier de linge sale et d’une machine à laver en panne ». Le format de scène ouverte dans une laverie, une fois par mois, avec des participants de tous horizons (chanteurs, comédiens, bûcherons, spectateurs, comiques, professionnels ou amateurs) venant partager leurs créations le temps d’une machine et d’un séchage a été adopté également dans d’autres villes françaises.
En Arménie aussi, l’initiative a rencontré un vif succès, bien qu’organisée en dehors de son lieu traditionnel, des laveries automatiques n’existant simplement pas dans le pays. C’est la médiathèque de l’Alliance française qui a accueilli les improvisations – chant, danse, lecture, conte – des présents, Arméniens et étrangers, timides et hésitants au départ, ne plus voulant quitter la scène à la fin, grâce au talent exceptionnel d’animation d’Ellie Guillou.
Pour plus de détails sur le parcours et les projets d’Ellie Guillou, rendez-vous sur son site. Ici, découvrez plus sur sa ressemblance avec son père, le chanteur breton Gérard Delahaye, le choix du Bataclan comme destination rêvée des artistes dans son spectacle « Rue Oberkampf », son coup de coeur pour le peuple et la culture kurdes, etc.