Erdogan – la claque !

Région
01.04.2024

L'opposition turque a remporté dimanche une victoire historique aux élections municipales contre le président turc au pouvoir depuis 22 ans.

Par Olivier Merlet

 

Si les résultats officiels n'ont pas encore été annoncés, la victoire de l'opposition, incarnée par le parti Républicain populaire, aux élections municipales turques, dimanche 31 mars, semble large et incontestable. Selon les chiffres provisoires, dans la capitale turque, Ankara, Mansur Yavas qui avait emporté la mairie en 2019 serait reconduit avec plus de 59% des suffrages. Mais c'est à Istanbul où le président Recep Tayyip avait encore enchaîné trois meetings la veille l'ouverture des bureaux de vote, samedi, que l'humiliation est la plus vive. Ekrem Imamoglu serait crédité de près de 51% des voix contre 40 pour Murat Kurum, ancien ministre de l'environnement et candidat de l'AKP, le parti présidentiel au pouvoir,.

Istanbul, Ankara, Izmir, Antalya, Adana, les plus grandes villes de Turquie sont désormais aux mains de l'opposition. Malgré une certaine lassitude électorale, les présidentielles de mai dernier et huit autres scrutin depuis dix ans, 76% des 61 millions d’électeurs turques sont allés voter, exprimant clairement leur mécontentement face aux dérives autoritaires de leur leader et surtout à l'inflation qui atteignait 70% le mois dernier. Jamais l'AKP et sa formation n'avaient enregistré un score aussi faible au niveau national, perdant toutes les villes qu'il dirigeaient dans l'ouest de la Turquie. Les partisans de l'opposition veulent croire que c'est le début de la fin du règne Erdogan.

« Il s'agit d'un tournant », a concédé cette nuit le chef de l'État turc devant les membres de son parti réunis au siège de l'AKP. « Malheureusement nous n'avons pas obtenu les résultats que nous souhaitions », a-t-il reconnu, promettant toutefois «de respecter la décision de la nation ». Ekrem Imamoglu, le maire sortant d'Istanbul, qui a été reconduit avec plus d'un million de voix d'avance, selon certains médias, et sans le soutien du parti kurde, ressort comme le grand vainqueur de ces élections municipales et voit s'ouvrir devant lui un destin national acquiert désormais une stature présidentiable

Sur fonds de concert de klaxon semblable aux plus grands soirs de victoire de l'équipe nationale de football, Ekrem Imamoglu a lancé ce message : « je suis du  côté de la démocratie, je suis du côté de la justice ».