Les autorités mettent en garde Samvel Shahramanyan de ne pas impliquer l'Arménie dans une nouvelle provocation militaire

Actualité
25.12.2023

Un décret signé sur le territoire de la République d'Arménie par le dernier président d'Artsakh le 19 octobre provoque le tollé dans les rangs du parti au pouvoir.

 

« Le décret sur la dissolution de l'Artsakh n'existe plus », a déclaré, le 22 décembre, Vladimir Grigoryan, alors encore conseiller du dernier président d'Artsakh, Samvel Shahramanyan. Ce dernier venait d'ailleurs de tenir, quelques heures plus tôt, une réunion de travail  avec d'autres dirigeants du Kharabagh, désormais basés à Erevan.

Selon Vladimir Grigoryan, le 19 octobre dernier, depuis la capitale de l'État arménien où il est réfugié, Samvel Shahramanyan aurait signé en tant que président d'Artsakh, un décret stipulant que tous les membres du gouvernement, ses émanations et son système administratif ainsi que tous les dirigeants et responsables au niveau local continueraient d'exercer leurs fonctions sur une base publique, c'est-à-dire sans rémunération. Le décret préciserait encore que les documents délivrés après le 1er octobre 2023, au nom de la République d'Artsakh, sont toujours valables.

« Avec ce décret, on peut considérer que M. Shahramanyan a annulé le décret qu'il avait signé le 28 septembre [NDLR : la dissolution de l'Etat du Haut-Kharabagh]. Cela signifie que la République d’Artsakh, son gouvernement et ses autres organes continueront à fonctionner après le 1er janvier 2024 », a encore poursuivi Vladimir Grigoryan. Samvel Shahramanyan a de son côté souligné qu'il n'existe aucun document juridique d'Artsakh qui envisage la dissolution des institutions de l'État.

Tollé dans les rangs du gouvernement et de l'Assemblée nationale, avertissant qu'il n'y a qu'un seul gouvernement élu en Arménie et que tout document signé à Erevan concernant le Kharabagh n'a aucune force juridique. « Toute initiative qui s’oppose ou lutte contre cela sera considérée comme une activité anti-étatique, sera interdite et fera l’objet des mesures les plus sévères de la part de l’État. Tous les plans de ceux qui cherchent à impliquer l'Arménie dans une nouvelle provocation militaire seront écrasés et leurs auteurs seront sévèrement punis », a réagi Artur Hovhannisyan, député et secrétaire général du "Contrat civil". Vahagn Aleksanyan, un autre député du parti au pouvoir a estimé que les tentatives de modéliser un État au sein de l'Arménie ne donneront aucun résultat, mais créeront de nouveaux dangers pour l'Arménie. « Est-ce que le danger a disparu ? Il est évident pour moi qu'une telle possibilité existe », a-t-il déclaré.

« Ceux qui croient que l'Artsakh est détruit et que les institutions de l'Artsakh ne devraient pas fonctionner ne sont malheureusement que des partisans de la politique azerbaïdjanaise en Arménie », leur a répondu Davit Galstyan, leader du parti "Justice" de l'Assemblée nationale d'Artsakh, dans une interview diffusée le 23 décembre sur News.am. « Les institutions étatiques d’Artsakh fonctionnent depuis plus de 30 ans et n’ont jamais présenté de danger pour la République d’Arménie. », a-t-il encore déclaré. Il souligne par ailleurs que « c'est le peuple d'Artsakh qui s'est autodéterminé et a conduit à la création de la République d'Artsakh. Personne n'a le droit ni l'autorité de la dissoudre. Les institutions de l'État, tous les organes constitutionnels créés par le référendum populaire doivent être actifs, cela ne peut constituer aucun danger pour la République d'Arménie. Nous connaissons l'appétit de l'Azerbaïdjan qui occupe aujourd'hui le territoire souverain de l'Arménie. Cela n'a aucun lien avec la République d'Artsakh ».

« La lutte pour l'Artsakh n'est pas seulement la nôtre mais celle de tous les Arméniens, et si certaines autorités arméniennes tentent d'avancer avec le soi-disant "donnons l'Artsakh, vivons en paix", nous avons tous vu que cette thèse ne fonctionne pas », conclut Davit Galstyan. « Il est triste que les autorités de la RA se soient engagées dans cette voie aujourd'hui et qu'elles ne veuillent pas s'occuper du retour de la patrie ».