Le quotidien français Le Monde a publié hier un article intitulé « Après la guerre au Haut-Karabakh, le patrimoine culturel arménien menacé » qui parle des « atteintes au patrimoine historique et culturel arménien », notamment de la destruction de l’église de Mékhakavan et de Kanach Zham (« Eglise verte ») de Chouchi par les forces azerbaïdjanaises.
Le Monde a cité les statistiques du Défenseur des droits arménien, Arman Tatoyan, selon le décompte duquel 1456 monuments « essentiellement arméniens », dont 161 monastères et églises, 345 pierres tombales historiques et 591 khatchkars sont passés sous le contrôle de l’Azerbaïdjan après le cessez-le-feu du 9 novembre dernier.
Azad Jafarli, le Directeur Administratif de l’Agence d’état de l’Azerbaïdjan, avait déclaré au journal qu’ils ne sont pas au courant de l’existence de l’église Kanach Zham et il a « assuré », à propos de l’église de Djabrayil, qu’elle n’était accessible qu’aux soldats, et pas aux civils.
Le Monde a cité les propos du politologue Simon Maghakyan, selon lequel « l’objectif de la destruction des monuments arméniens est de garantir pour l’avenir la non-existence de présence arménienne sur ces territoires ».
Le journal a également réagi sur la visite du Président Aliyev à l’église Tsakour datant du XIIe siècle, ou il a déclaré que les inscriptions arméniennes devaient être rasées, car c’est une église albanaise. Le journal a remarqué que c’est la première déclaration de l’Azerbaïdjan à l’échelle officielle où ce pays démontre son intention et son engagement dans la destruction du patrimoine culturel arménien.
L’une des sources diplomatiques du Monde avait rapporté que le lobby azerbaïdjanais est très puissant, rappelant notamment le fait que l'UNESCO n'a pas commenté les déclarations de l'Azerbaïdjan, de plus, elle est restée silencieuse lorsque deux églises arméniennes ont été démolies il y a des mois.
Le journal a également fait écho aux informations scandaleuses fournies par le politologue Simon Maghakyan, selon lesquelles Bakou a fait de grands investissements pour que l'UNESCO ferme les yeux sur ses atrocités. Ainsi, en 2013, Bakou avait fait don de 5 millions de dollars à cette organisation, après quoi une exposition intitulée « Azerbaïdjan, terre de tolérance » a été organisée à l’initiative de la Fondation « Heydar Aliyev » au sein de l'UNESCO.
Le Monde a également rappelé qu’après la première guerre d’Artsakh, l’UNESCO avait exprimé le souhait de visiter le Haut-Karabakh, mais depuis 30 ans aucun représentant de cette structure n'y a mis les pieds.
Le Monde rapporte également que l’initiative d’étudier le territoire de l’Artsakh par satellite dans le cadre du programme « Caucasus Heritage Watch » par les 4 archéologues de l’Université Cornell et de l'Université de New York a débuté le 8 avril. Ce programme permettra d’étudier environ 300 à 400 monuments historiques et culturels. Les révélations seront prochainement présentées au public, ce qui permettra à son tour d’avoir des preuves en cas de découverte de valeurs culturelles détruites, comme l’avait déclaré au journal la responsable du groupe de travail Lori Khatchadourian.