La recherche médicale au cœur de la coopération franco-arménienne

Société
19.10.2021

En marge du premier colloque médical Franco-Arménien dédié à la prise en charge des blessés du conflit du Haut-Karabakh qui s'était tenu la semaine dernière à Erevan, un évènement plus discret se tenait à l'Institut National de Santé qui devrait cependant marquer d'un jalon la mise en œuvre concrète de cette coopération.

Par Olivier Merlet

Fondé en juin de cette année, le centre de recherche et développement médical Franco-Arménien était officiellement inauguré ce 15 octobre en présence de Lena Nanushyan, vice-ministre de la santé, d'Anne Louyot, ambassadrice de France, et de Martin Hirsh, ancien secrétaire d'État français et directeur de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris qui avait spécialement effectué le déplacement à cette occasion.

L'établissement, est une nouvelle initiative de l'association Santé Arménie. Après plusieurs missions de première urgence auprès des blessés de la dernière guerre du Karabakh et l'ouverture d'un centre de réadaptation spécialisé à l’hôpital militaire Muratsan le mois dernier, l'ONG démontre encore une fois toute son implication en faveur du développement médical en Arménie.

Transfert de connaissances, formation de structures, recherche clinique, établissement de "registres de cohortes", des enquêtes médicales menées à grande échelle sur des patients présentant tous une même pathologie, le centre a déjà permis l'élaboration et la conduite par des médecins et chercheurs arméniens de projets collaboratifs avec d'autres organismes en Europe. La mise en réseau de leurs travaux sur une plateforme informatique sécurisée leur confère une visibilité internationale inédite mais surtout, leur ouvre les portes d'essais pharmaceutiques, industriels et académiques très coûeux voire inaccessibles.

Constituées autour d'une équipe locale de cinq techniciens encadrée par son chef de projet, Merry Mazmanian, directrice du centre et responsable de recherche clinique, de nombreuses sommités et institutions médicales arméniennes parmi les plus réputées se sont associées au projet.

Parmi les travaux en cours, un programme d'observation et de recherche mené sous l'égide du professeur Hayrapetyan du centre médical Erebuni porte sur quelques 900 femmes enceintes porteuses de maladies cardiaques congénitales, 1ère cause de risque d’hospitalisation pendant la grossesse. Le centre médical Arabkir, quant à lui, première structure pédiatrique d'Arménie, suit, traite et récolte les données d'un groupe de 66 jeunes patients atteints de rhumatismes inflammatoires juvéniles et de "fièvre méditerranéenne familiale", maladie très présente en Arménie pouvant entrainer à terme de graves insuffisances rénales.

Au total, ce sont 4 registres et répertoires de maladies inflammatoires chroniques, systémiques ou auto-immunes, des myélodysplasies (maladies de la moelle osseuse étudiées à l'Institut d'hématologie Yeolyan), qui sont en cours de collection. Ils ont déjà donné lieu, en quelques mois seulement, à 11 publications conjointes franco-arméniennes en cours d'approbation ou déjà approuvées par les autorités médicales de contrôle, ainsi que 3 congrès dont une journée consacrée à l'infertilité.

« La recherche médicale est un gage d'expertise et d'accès à des soins et traitements coûeux, rares et innovants. C'est un fleuron français que nous souhaitons exporter ici en Arménie. » annonce Arsen Mekynian, coordinateur du projet. « Des perspectives de coopération médicale durables que nous allons accompagner d'une certification, le "label AP-HP", attestant du respect, ici en Arménie, des mêmes standards de qualité que ceux en vigueur dans nos hôpitaux en France » complète Martin Hirsh, directeur général de l' Assistance Publique - Hopitaux de Paris  .

L'implantation d'un centre d'épidémiologie, d'intelligence artificielle et de big data franco-arménien devrait venir renforcer ce dispositif dans un avenir proche et approfondir encore la collaboration entre les deux pays.