La galerie d’Art AHA Collective présente le nouveau tapis rouge du festival de cinéma « Golden Apricot »

Արվեստ և մշակույթ
23.06.2025

Mardi 17 juin 2025, à l’occasion d’une conférence de presse, AHA Collective a présenté sa collaboration à un projet artistique liant la France et l’Arménie. Il s’agit d’un nouveau tapis rouge, conçu spécialement pour le festival de cinéma arménien, Golden Apricot (du 13 au 20 juillet 2025). Cette création s’inscrit dans la continuité du travail de l’artiste David Kochunts, et des femmes artisans de Woolway Studio et Goris Handmade. Ils ont créé Point of Reference, la première version d’un tapis rouge, actuellement exposé pour la 13 e édition de la Biennale Internationale Design à Saint-Étienne, ville française jumelée depuis 2023 avec Kapan, située dans le sud de l’Arménie. 

 

Par Mathilde Baudouin

« La Biennale représente un événement majeur dans le domaine du design. Chaque édition, un pays est invité pour se consacrer à la création contemporaine. Cette année, c’est au tour de l’Arménie. J’ai proposé à Nairi Khatchadourian, directrice de l’AHA Collective, d’imaginer un projet ici, à Erevan, qui célèbre cet événement important pour la création arménienne. L’idée, était également de poursuivre le travail autour des tapis crées pour Golden Apricot en 2024, qui représentait une pièce centrale de l’exposition In Relief : Design in Armenia, à St Etienne », a expliqué David Tursz, directeur exécutif de l’Institut Français d’Arménie.

 

Soutenir l’artisanat local

AHA Collective est une structure curatoriale créée par la franco-arménienne Nairi Khatchadourian en 2019.  Ses activités consistent notamment à « gérer, organiser, commander des recherches, des œuvres d'art, des expositions, des publications, du design, des œuvres audiovisuelles et des installations spécifiques ».

AHA Collective met en dialogue des artisans locaux, des artistes contemporains ainsi que des espaces patrimoniaux. Afin de réaliser ce projet de tapis rouge, AHA Collective a collaboré avec l’Ambassade de France, l’Institut Français en Arménie, la Chambre de Commerce et d’Industrie Franco-Arménienne, Armenian Wool Project, et le Festival international du film d’Erevan, Golden Apricot.

Les designers français Jean-François Dinkjian et Eloi Chafaï, ont été convié à co-designer un nouveau tapis, composé de huit pièces individuelles, soit 16 mètres de long, pour la nouvelle édition du festival de cinéma, Golden Apricot.

Fondateurs de Normal Studio en 2006, ces designers ont pu collaborer avec des tisserands locaux et apprendre les techniques naturelles de teintures. 

Le recours à des pratiques traditionnelles a permis de soutenir l’artisanat local et développer un langage visuel arménien contemporain.

 

« Une progression de la densité et de la couleur »

« C’est un projet très important pour nous, il a une dimension iconique, il nous a montré une autre manière de travailler et d’apprendre un savoir-faire arménien », confie Jean-François Dinkjian. Nous avons travaillé avec une gamme de couleurs très subtiles. Nous proposons une vision contemporaine, nouvelle », poursuit-il.

« Cette relation commune relève de l’aspect sociétal, c’est une vision d’ensemble. Nous sommes partis de la matière brute, avec des matières naturelles. Nous avons appris à interagir avec les tisseuses, comprendre comment s’articule tout cela, comment l’ancrer avec les ressources du territoire. Nous avons commencé par le dessin. L’année dernière, le rouge a été très utilisé, cela nous a permis de nous affranchir de cette idée du rouge et de créer un parcours différent. Nous voulions une trame qui évolue avec une progression de la densité et de la couleur. », détaille son collègue Eloi Chafaï.

Les teintes rouges et vertes produisent d’ailleurs un effet d’optique parcourant les 16 mètres de long du tapis. Le renouvellement du tapis se veut également être un espace où dialogue culturel, créations et traditions s’embrassent.

 

Une palette de couleurs naturelles

Derrière l’œuvre se cache également les artisans de Armenian Wool Project, Woolway Studio, ainsi que Milena et Galina Ordyants, une mère et sa fille déplacées de l’Artsakh. Ils ont réalisé un travail d’orfèvre à partir de matières premières d’origine arménienne.

De l’approvisionnement des matières premières, à la teinture naturelle, le tissage, de nombreuses étapes ont jalonné la création du tapis.

La laine, la soie, ou encore le coton ont été « colorés à l’aide de plantes végétales », explique Hayk Oltaci, fondateur de Woolway Studio, spécialisé dans la restauration de tapis d’Orient.

Employée comme tisseuse au sein de ce studio, Mariam Nalbandyan, révèle les ingrédients à l’origine de chaque couleur.

« La couleur jaune est produite grâce au recours de fruits tels que des pommes et des grenades. Le marron est le résultat de noisettes concassées. Les teintes roses et rouges sont extraites de chenilles, tandis que le bleu provient de l’indigo, plante indienne, la seule qui ne soit pas « made in Armenia ».

Le nouveau tapis rouge sera dévoilé aux yeux de tous, lors de l’ouverture du festival de cinéma, Golden Apricot, le dimanche 13 juillet 2025.