La Fondation humanitaire suisse KASA renouvelle ses projets pour les trois prochaines années

24.06.2025
Complément spécial KASA

« Soutenir la société arménienne, s’engager démocratiquement dans la vie culturelle, socio-économique et environnementale ». Telles sont les valeurs prônées par la Fondation humanitaire Suisse KASA - Komitas Action Suisse -, enracinée depuis 27 ans en Arménie. Présente au sein de deux centres basés à Erevan et Gumri, KASA a gagné en ampleur au fil des années et rayonne désormais sur l’ensemble du pays grâce à 40 collaborateurs et plus de 300 volontaires.

 

Par Mathilde Baudouin

 

À l’écoute des enjeux et d’une réalité du terrain en perpétuelle évolution, la Fondation adopte tous les trois ans une nouvelle stratégie pour répondre aux besoins locaux urgents. 2025 signe pour KASA le début d’une nouvelle période de réflexion et d’innovations sous le signe de la résilience, de l’audace et du discernement.

 

La naissance de KASA

Rembobinons un instant le fil pour revenir sur la singulière histoire de KASA.

Tout commence à l’automne 1997, lorsque l’Atelier Vocal Komitas, composé de musiciens suisses qui chantent en arménien sous la houlette de Sirvart Kazandjian, entreprend un voyage en Arménie dans le but d’y donner des concerts.

L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais ces artistes vivent alors une expérience humaine inoubliable. Ils découvrent la richesse culturelle et humaine de ce pays, en même temps  que ses graves  problématiques socio-économiques,  ce qui les amène à repartir en Suisse avec le projet de soutenir concrètement l’Arménie.

« Touchés par la situation à Gumri, après le passage dévastateur d’un tremblement de terre, en 1988, les choristes vont mettre en place en Suisse une aide sociale et humanitaire pour assister les gens », raconte Monika Sargsyan, directrice de KASA, arrivée en 2023.

L’objectif visé est « d’aider les gens à devenir autonomes, et à leur apprendre à pêcher plutôt que de leur offrir le poisson. Pour y parvenir il s’agit de créer un modèle arménien qui respecte la réalité du terrain et promeut des valeurs personnalistes », souligne la directrice de KASA.

 

Dès 2001 KASA, inscrite comme association en Suisse, est enregistrée comme Fondation en Arménie.   Pendant ses douze premières années elle participe à la rénovation ou à la construction de 40 projets, essentiellement dans le nord du pays : écoles, hôpitaux, centre culturels, routes, infrastructures agricoles,  dans des villages isolés tels que Gogaran, Argina ou Ardjut ;  elle soutient de nombreuses familles défavorisées à Gumri, accompagne des enfants d’orphelinat à Erevan, et offre des bourses à de jeunes francophones.  

 

En parallèle elle met en place des formations ciblées et développe un tourisme de proximité pour lequel elle forme 300 guides.

Par la suite KASA continue de croître et d’évoluer en tenant compte des besoins successifs et de la réalité du terrain.

 

 

Partenariat avec le Haut-Commissariat des Nations Unies (HCR)

Depuis 2014, KASA travaille en partenariat avec le HCR, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés « d’abord pour soutenir des Arméniens de Syrie, puis pour accueillir des réfugiés non arméniens en Arménie, qui viennent d’Afrique, de Syrie, d’Iran, d’Irak … » explique Monika Sargsyan,

De nombreux ateliers sont alors créés : cours de langue arménienne, résilience psychologique, sensibilisation à l’interculturalité … pour intégrer ces réfugiés dans la société arménienne.

 

Projets d’entreprenariats, initiatives locales, éducatives…

Après le Covid, la guerre des 44 jours en 2020, la perte de l’Artsakh en 2023 et le déplacement forcé de 120 000 Artsakhis, KASA n’a de cesse de relever de nombreux nouveaux défis qui ont nom chômage, pauvreté, anxiété et incertitude quant à un avenir sûr.

Pour répondre à ces enjeux, l’association s’investit pour favoriser des « initiatives éducatives avec le projet Jeunes Citoyens et EDEL, une formation destinée aux enseignants et aux éducateurs ». Elle vise à donner des clés innovantes aux jeunes afin de les former à devenir des citoyens en leur enseignant « la pensée critique, la créativité et l’engagement civique » par le biais de formations tant à distance que présentielles et  la création d’un matériel ludique très apprécié.

Par ailleurs elle réalise des projets d’entreprenariat en réintégrant des « jeunes, des femmes déplacés dans les secteurs de l’agriculture durable, les énergies renouvelables, les microentreprises, le numérique et le tourisme local ».

 En outre KASA souhaite renforcer le patrimoine culturel arménien et l’ouverture à d’autres cultures. Pour ce faire elle propose plusieurs projets :

  • Le RECU (Résilience culturelle) a pour objectif de sensibiliser des jeunes, des enfants et des enseignants à la richesse de leur patrimoine. En effet, souligne Monika Sargsyan, « l’identité arménienne est constamment menacée par ses voisins turcs et azerbaidjanais qui souhaitent la détruire ».
  • En parallèle KASA met en œuvre un programme Erasmus +, permettant de faciliter les échanges entre l’Arménie et l’Europe : il donne d’une part aux Arméniens la possibilité de réaliser des stages en Europe et d’autre part aux Européens de passer quelques mois en Arménie pour collaborer aux projets de KASA.                         
  • En particulier la Fondation a pour ambition de développer la francophonie, à la fois parmi ses collaborateurs et au sein de plusieurs  écoles.

Dans le même esprit d’ouverture, les collaborateurs de KASA comptent continuer de développer le tourisme solidaire qui leur a permis de faire découvrir l’Arménie à plus de 2000 touristes, pour la plupart non arméniens. Le but est de constituer un réseau d’amis qui pourront les soutenir et les faire connaître chez eux. Ils souhaitent intensifier leurs liens avec la diaspora, en organisant des rencontres et des conférences, afin de partager de nouvelles compétences, idées et investissements.

 

Précisons pour terminer que la Fondation vit exclusivement de soutiens institutionnels et de dons privés, avec un budget annuel de 800 000 à 1 000 000 CHF/€ par an.  

Pour plus d’informations voir site www.kasa.am