« Les navires anglais ne peuvent pas monter dans les monts Taurus »

Opinions
11.03.2024

Le secrétaire d'État aux Forces armées du Royaume-Uni, James Heappey, a annoncé le soutien de son gouvernement et de « ses alliés euro-atlantiques » à l'Arménie, en cas de « représailles russes » à son éventuel retrait de l'OTSC. L'historien et responsable politique Suren Surenyants a réagi ce matin.

 

Semblant aller plus vite même que Nikol Pashinyan lui-même, certains représentants du parlement britannique, lors de leur séance du 8 mars à la chambre des Communes,, ont semblé tenir pour acquis la sortie de l'Arménie de l'alliance de sécurité Collective. Robert Buckland, président de la Commission des affaires d'Irlande du Nord, a ainsi demandé au secrétaire d'État aux Forces armées, l'évaluation qu'il faisait des bénéfices potentiels pour l'industrie de défense britannique du retrait de l'Arménie de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC)

Le secrétaire d'État britannique lui a signifié avoir pris bonne note des déclarations du Premier ministre arménien fin février qui annonçait avoir gelé l'adhésion du pays à l'OTSC. a toutefois précisé qu'il ne s'agissait « pas encore d'un retrait officiel », anticipant cependant une réaction russe sans doute vraisemblable mais dont la nature et l'ampleur demeurent à ce jour du domaine de l'hypothèse. James Heappey n'a pourtant pas hésité : « le Royaume-Uni reconnaît cette décision comme un droit souverain de l'Arménie et collaborera avec les alliés euro-atlantiques pour soutenir l'Arménie face aux menaces de représailles de la Russie ». Rappelant l'embargo sur les armes décrété par l'OSCE et dont le Royaume-Uni est signataire, il a ajouté que tout avantage pour l'industrie de défense britannique devait s'inscrire dans ce cadre, de même que la poursuite du « travaille en étroite collaboration avec l'Arménie afin d'explorer les possibilités d'une coopération plus rapprochée ».

Ce matin 11 mars, Suren Surenyants, historien et politologue arménien, par ailleurs président du parti "Alternative Démocratique" non représenté à l'Assemblée nationale a réagi sur sa page Facebook :

« On nous propose ouvertement de devenir l’Ukraine-2, et dans ce cas, l’Occident ne s’intéresse pas au résultat du processus, mais au processus lui-même, qui peut conduire à la perte de l’État arménien.

Le 30 avril 1896, le Premier ministre britannique Salisbury annonça à la Chambre des Lords que, afin de protéger la population arménienne, il fallait éviter une intervention militaire, car « les navires anglais ne peuvent pas monter dans les monts Taurus ».

Nous savons tous ce qui s'est passé ensuite.

Si quelqu’un pense que les promesses ronflantes de l’Occident auront désormais un effet différent, alors il est illusoire.

L’objectif des centres occidentaux est d’affaiblir l’influence de la Russie et de l’Iran dans la région et ce qui en résultera pour le peuple arménien ou l’Arménie ne les intéresse pas du tout. Et pas du tout parce qu’il est « méchant » ou « ennemi » du peuple arménien.

Absolument pas, l’Occident n’a tout simplement aucun intérêt politique à nous soutenir contre la Turquie et l’Azerbaïdjan, ils s’intéressent à notre potentiel "anti-russe" ».