Entre la France, l’Arménie et la Francophonie

Arménie francophone
20.03.2021

Entretien exclusif avec Guillaume Narjollet, Conseiller de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France en Arménie.

Par Lusine Abgarian
 

Le Courrier d'Erevan:  Monsieur le Conseiller, avant d’arriver en Arménie, vous avez été Conseiller de coopération et d’action culturelle et directeur de l’Institut Français du Cambodge. Connaissiez-vous l’Arménie avant ?

Guillaume Narjollet:  Je connaissais l’Arménie, d’abord parce que j’ai une formation d’historien, et que par ailleurs, l’histoire de l’Arménie contemporaine est une histoire tragique et qui a été étroitement liée à  l’histoire européenne. Donc, évidemment, je me souviens d’avoir lu l’ouvrage d’Ives Ternon sur le génocide des Arméniens quand j’étais encore en classe de terminale, il y a plus de trente ans maintenant. Egalement, quand on s’intéresse à la zone ex-URSS, à un moment donné on est forcément amené à rencontrer l’Arménie. 

Par ailleurs, dans un parcours plus personnel, j’ai été étudiant à Grenoble, et aussi surveillant en internat à Bourg-lès-Valence, et ce sont des régions, des collectivités, où il y a une communauté française d’origine arménienne assez importante, et d’ailleurs ce sont des collectivités qui sont toutes jumelées avec des collectivités arméniennes. 

 

Vous êtes arrivé en Arménie dans un contexte très spécifique, d’abord la Covid, ensuite, la guerre. Est-ce que ces circonstances ont empêché la réalisation de vos projets à votre arrivée ? 

Quand je suis arrivé, je ne m’attendais pas à la guerre, mais je savais que l’Arménie était très touchée par la crise sanitaire. Pour la petite histoire, au moment où je quittais le Cambodge il n’y avait quasiment pas de cas de Covid là-bas, et on ne portait pas de masque. Mais le plus difficile, ce n’est pas de travailler à distance, de mettre des masques. Le plus difficile, c’est que quand on arrive, on doit faire le tour de ses interlocuteurs et de rencontrer les gens, alors que toutes les administrations sont fermées, les universités ne fonctionnent pas en présentiel, les manifestations publiques, conférences, réceptions sont annulées... En somme, vous perdez toutes les occasions qui vous permettent de rencontrer les gens. 

Je suis arrivé le 2 septembre, j’ai commencé à  aller pe présenter aux interlocuteurs du service de coopération et d’action culturelle la semaine du 15, et j’ai eu le temps d’en voir quelques-uns comme l’Université d’Etat, le Mémorial du génocide, l’Alliance française, le Ministère de l’Education, de la Science, de la Culture et des Sports… Et puis, au bout de la deuxième semaine, c’était déjà la guerre… Mais j’avais cependant la chance de connaître déjà les grands enjeux de ma mission, qui comporte trois grands dossiers :

la création de l’Institut français ; la relocalisation de l’Université française en Arménie et le projet de centre de convergence avec TUMO ; la relocalisation et le développement du Lycée Anatole France.

Ces trois grands chantiers sont très clairement identifiés, en sachant qu’il y en a un tas d’autres : envoyer les talents, les étudiants arméniens en France, développer aussi la coopération dans les domaines, où finalement, elle n’est pas encore très importante entre la France et l’Arménie, comme le patrimoine avec le sujet de la conservation, celui de la  formation. Il y a de très bons techniciens en Arménie, mais il  manque ici la formation continue. Évidemment, il y a l’université, mais on manque de formation au métier notamment de la restauration.  Il y a aussi le domaine de la santé :pendant et après le conflit, on a vu le nombre important de médecins français qui se sont mobilisés et nous avons des actions qui sont en train de se mettre en place.   

Nous cherchons également à étendre le réseau des classes de français renforcé. Le Ministère arménien de l'Éducation, de la Science, de la Culture et des Sports souhaite également qu’on ajoute des écoles et des lycées pour avoir toute la chaîne, de la première classe jusqu'à la fin du lycée et jusqu'à l'université pour avoir le vrai continuum éducatif

Qu’est-ce qui vous a marqué le plus en Arménie pendant ces quelques mois de mission ? 

C'est difficile de répondre parce que cela fait 6 mois que je suis là et j'ai l'impression d'être arrivé le weekend dernier… Les choses sont tellement particulières, j'ai l'impression d'avoir eu très peu de temps pour découvrir l'Arménie. 

Il me semble que l'Arménie est un pays qui a une très forte cohérence et cohésion, c'est-à-dire qu’on sent que l'identité est très forte.

Par exemple, j'ai déjà vécu et beaucoup voyagé en ex-URSS et dans de tas d’autres républiques, et je suis frappé par le fait qu’en Arménie, on ressent très fortement la culture arménienne et qu’on entend avant tout l'arménien. On n’entend quasiment pas le russe dans la rue. Je trouve que c'est très intéressant parce que tous les Arméniens parlent russe, les jeunes moins bien que les anciens, mais quand même, tout le monde est capable de l'utiliser sans difficulté, mais au quotidien c'est l'arménien que vous entendez. C'est-à-dire que c'est un pays qui a une identité culturelle, linguistique et civilisationnelle qui est extrêmement forte. L'Arménie est une très vieille civilisation et c'est cela qu'on perçoit quand on arrive.

Aussi, notamment, quand la guerre a commencé, de voir les étudiants faire les collectes, mobiliser tout le monde d'un seul coup. Je n’entendais pas autour de moi des gens dire « non il ne faut pas faire ceci, il ne faut pas faire cela ». Peut-être qu'il y avait des gens qui se posaient des questions sur cette guerre, mais les gens en tout cas ont exprimé une force d'unanimité sur le fait que c’est ainsi, et qu'on doit tout faire pour notre pays, qu’on doit tout faire pour le Karabagh.  

 

La France, la culture française et l’Arménie

La culture française, si vaste, si riche, pourrait-elle être définie ? 

C’est une question assez difficile, c’est une question qui peut même être politique. 

Il faut dire d’abord que la culture française est extrêmement ancienne, qu’elle a été un modèle et qu'elle le reste pour beaucoup. Sa force est justement d’avoir été capable de rayonner, de susciter l’envie d’autres cultures de prendre dans la culture française ce qui leur plaisait, en sachant qu’on ne copie jamais totalement, on  apporte aussi ce que l’on a et ce que l’on est. C’est aussi ainsi que je la définis, cette capacité à faire en sorte que les gens aient envie d’en prendre un certain nombre de choses. A l’inverse, la culture française a toujours réussi à se nouer avec ce qui venait de l’extérieur, à intégrer différents apports, et elle est toujours en mouvement. 

Il y a différentes cultures, en fait. Il y a une culture qui est conçue, catégorisée comme classique, l’autre qui va être considérée comme académique, une autre qui va être considérée comme officielle-ce que disent les grands médias, les jurys des grands concours, des grands festivals. C’est une approche de la culture.

La culture est tout ce qui se rattache à l’activité mentale, intellectuelle et affective de l’être humain. Et la culture, on ne peut pas la limiter. On essaie parfois de créer des catégories, et il faut, le cinéma, la littérature, etc., mais c’est plus vaste que ça. 

 

Pourquoi apprendre le français ? Quel atout donne l’apprentissage de cette langue dans le monde, et particulièrement en Arménie ? 

C’est très simple. On ne peut pas vivre dans un monde où on ne parlerait qu’anglais, et surtout mal, puisque comme tout le monde parle anglais, on prend le niveau de celui qui parle le moins bien, et tout le monde descend à ce niveau-là. 

Le discours que nous tenons est très simple. Nous ne sommes pas en concurrence avec l’anglais, il n’y a pas de concurrence. L’anglais est une matière, ce n’est même plus une langue dans le sens où c’est devenu obligatoire et implicite de maîtriser l’anglais à minima. Personne ne va vous demander si vous parlez anglais avant de s’adresser à vous en anglais. Donc quand quelqu’un me demande quelle langue je parle, je ne cite pas l’anglais car ça tombe sous le sens. Donc, il faut apprendre le français, parce qu’on ne peut pas parler une seule langue, parce qu’il faut une diversité.

On apprend le français parce que c’est une langue de grande culture, une grande langue internationale, une langue de travail, une langue officielle de nombreuses organisations internationales. C’est une langue qui véhicule aussi une littérature extrêmement importante. C’est une langue extrêmement précise.

Si vous voulez faire du droit, pas du droit anglo-saxon, et que vous ne connaissez pas le français, c’est très compliqué. En matière juridique, le droit véhicule une forme de pensée juridique. Apprendre le français c’est aussi une façon de s’enrichir personnellement et d’avoir la capacité de diversifier son profil. Quand vous parlez français, tout le monde sait que vous parlez l’anglais et en termes d’employabilité, en termes de débouché et d’emploi, le français est un plus extraordinaire, parce que celui qui parle français, parle forcément l’anglais, l’inverse n’est pas vrai. 

Et en Arménie, quelqu’un qui parle bien français, qui parle évidemment l’arménien, qui parle évidemment l’anglais et qui va évidemment parler le russe, cela commence à vous donner des atouts très sérieux sur le plan professionnel. 

Et par ailleurs, pourquoi apprendre le français en Arménie, plus précisément : parce que l’Arménie a choisi d’adhérer à la grande famille de la Francophonie, parce que l’Arménie a accueilli, en 2018, le Sommet des chefs d’états de la Francophonie, et parce que l’Organisation internationale de la Francophonie peut être très utile à l’Arménie. Car c’est aussi une organisation qui peut relayer la voix de l’Arménie, les positions de l’Arménie, les intérêts de l’Arménie. Et au sein de cette organisation, il y a plusieurs Etats qui peuvent être très intéressants pour l’Arménie, pour essayer de comprendre justement, quels sont ces enjeux, ces problématiques, quels sont les obstacles que connaît l’Arménie sur le chemin de son développement, de son évolution pacifique et dans un cadre du développement économique. C’est important pour l’Arménie d’utiliser la Francophonie comme une enceinte pour se faire entendre. 

Je pense que les francophones en Arménie sont de bon niveau, il en faudrait juste un peu plus. 

En même temps, c’est très bien d’avoir autant de bons francophones dans un pays qui est, quand-même éloigné de la France, dans un pays qui est géographiquement situé dans une zone où on a eu encore récemment de très grands empires qui entraient en contact justement dans cette région qui correspond au territoire sur lequel est situé l’Arménie, entre le monde ottoman-turc, le monde iranien-perse et l’empire russe, ensuite l’URSS. Je dirais quelque part qu’en Arménie, on est dans une zone tectonique, non seulement sur le plan sismique, mais aussi sur le plan géopolitique, à savoir que  la terre bouge, mais il n’y a pas que la terre qui bouge. C’est une zone de contact tellurique, sismique et géopolitique. Et c’est vrai que c’est étonnant dans cette zone, très loin de France, qu’on parle le français ici. C’est déjà très bien, mais il faut faire plus. 

Comment motiver les jeunes à apprendre le français et à se rapprocher de la culture française? 

La culture vient avec la langue. La France doit essayer de proposer ici en Arménie une offre culturelle plus ambitieuse. C’est aussi dans cette intention que nous voulons ouvrir cet Institut, parce qu’on veut avoir un opérateur pour pouvoir faire une vraie programmation. L’Arménie est un pays où il y a une forte demande de France, de français et de francophonie. Notre défi c’est de répondre à  cette demande

Il faut expliquer aux jeunes que c’est important de parler d’autres langues, de ne pas se contenter uniquement de parler l’anglais et que le français ouvre des perspectives aussi professionnelles qui sont extrêmement importantes, extrêmement intéressantes. Quand on parle le français, le russe et l’anglais, en ex-URSS ou en Europe Centrale et Orientale, on peut travailler partout. 

Il y a d’ailleurs des entreprises françaises en Arménie, les diplômés de l’UFAR restent majoritairement en Arménie, par exemple, et trouvent du travail. Donc, il y a des perspectives. 

Quelle est la politique de la France pour la promotion de la langue et culture françaises ? 

Développer l’enseignement en français. Nous avons aujourd’hui, avec le lycée français Anatole France et l’Université Française en Arménie, un système où on peut apprendre en français de la maternelle jusqu’au doctorat. L’objectif est d’augmenter les effectifs du lycée français et de l’UFAR, et chaque année ils augmentent. Les effectifs du lycée français sont montés de 50% depuis 2016.

Avec l’aménagement dans les nouveaux locaux, on espère, à la rentrée, avoir encore plus d’élèves et attendre un nombre de 300 élèves. L’UFAR compte aujourd’hui près de 1500  étudiants, on en aura 200 de plus à la rentrée. Notre objectif est aussi d’encourager d’autres écoles, des initiatives privées, qui veulent s’ouvrir et enseigner le français. Ce sont des initiatives que l’on soutiendra.

Après, il y a l’enseignement du français dans le système arménien, ce qu’on appelle le dispositif des classes à « français renforcé ». Ce dispositif a été mis place en 2011, on a ouvert de nouvelles classes en 2017, et nous avons aujourd’hui 11 collèges avec ce type de classes. Avec le Ministère de l’Education, de Science, de Culture et des Sports, il est prévu d’ouvrir quatre filières du français renforcé dans quatre nouvelles écoles et dans trois nouveaux lycées. Nous avons proposé au Ministre, que nous avons rencontré la semaine dernière et qui a donné un accord de principe, d’ajouter un troisième lycée, puisque c’était prévu Erevan (lycée 148), Gumri (lycée Académique).  Mais nous avons été à Hrazdan avec l’Ambassadeur, il y a deux semaines, et nous avons pu constater que outre le français renforcé dans une école de Hrazdan, il y a du français troisième langue étrangère dans quasiment toutes les écoles de Hrazdan et dans les écoles autour, mais il n’y a pas de lycée avec du français. Nous donc proposé qu’un lycée intègre ce programme, pour que les élèves qui entrent en 10e classe ne perdent pas le français. 

Notre politique c’est essayer d’avoir un dispositif d’enseignement en français porté par la coopération française en continu et d’avoir un dispositif arménien aussi qui soit en continu avec comme idée d’essayer de développer à l’avenir, au lycée Anatole France, la section arménienne.

Nous avons la section arménienne Blaise Pascal, spécialisée dans les sciences et qui est en plus une espèce de classe d’entrée, préparatoire à l’UFAR. Ce qu’on voudrait c’est développer cela pour avoir davantage d’élèves, puisque si chaque année on arrive à avoir environ 100 élèves qui sortent et qui pour la plupart intègrent l’UFAR, cela nous permettrait d’avoir déjà des étudiants francophones. Cela fait partie de nos pistes de réflexions. 

 

Que peut apporter l’Arménie à la Francophonie et à la France ? 

L’Arménie peut apporter à la France l’exemple d’un pays résilient, d’un pays qui a traversé des épreuves et qui a gardé son identité, sa cohésion, le sentiment de partager une identité commune. Également, en Arménie, on peut montrer l’exemple d’un pays, d’un peuple qui a souffert, mais qui a toujours cru en son destin, qui a toujours cru qu’il y avait une place pour lui, même si cela a été très difficile, même si cela n’a pas été sur un territoire suffisamment grand, même si ce n’était pas à l’endroit ou ils étaient auparavant, et cette capacité à vivre et à survivre. 

La France a plutôt l’habitude, historiquement, d’être un pays qui mène, qui dirige, qui entraîne, l’Arménie a plutôt été un pays, une nation entraînée, malgré elle, souvent, dans les grands malheurs de l’histoire, mais je pense que c’est toujours utile de regarder ce qu’ont connu les autres, de se dire qu’on pourrait un jour être à leur place, et qu’est-ce que cela peut nous apprendre, les épreuves qu’ils ont pu traverser.

Et puis, ce que les Arméniens peuvent apprendre, c’est cet accueil, cette hospitalité, cette amabilité, ce regard bienveillant, positif au premier abord et la capacité à être dans la découverte de quelqu’un qui arrive, on s’intéresse. Il y a une forme de fraîcheur qui est intéressante. 

 

Francophonie. 

Quel est le devenir de la francophonie en Arménie ? 

Il y a un gros potentiel pour la francophonie en Arménie. L’Arménie a fait un choix récent, cela veut dire que l’Arménie se saisit pleinement de ce choix.

Il faut que les autorités arméniennes fassent plus pour le français qui est le ciment de la francophonie, avec bien sûr notre aide et soutien. Il faut également que l’Arménie montre pleinement son appartenance à l’ensemble de la communauté francophone et aux instances de la Francophonie et qu’elle utilise les tribunes, les enceintes de la Francophonie pour qu’on parle de l’Arménie, qu’on connaisse les difficultés, les grandes problématiques de l’Arménie. Il faut se montrer, il faut se faire connaître.

C’est une espèce de cénacle, d’enceinte qui est très intéressante pour l’Arménie. Et je pense qu’il y a un vrai devenir pour la francophonie en Arménie, mais c’est aux Arméniens de s’en emparer aussi. Je crois que c’est très important c’est vraiment notre approche, à savoir que nous sommes là pour travailler avec les Arméniens, main dansla main, nous sommes là pour faire avancer la relation extrêmement ancienne et historique entre nos deux pays qui sont géographiquement éloignés, mais qui ont des liens forts. Cela impose qu’on respecte les Arméniens, et qu’on demande aux Arméniens de se respecter eux-mêmes, à savoir, que nous ne sommes pas là pour faire les choses à leur place,. Nous devons  faire des choses ensemble, et ne pas faire ce dont les Arméniens n’ont pas besoin. Nous ne pouvons  rien faire sans eux, contre eux, et sans leur demander.

 

Quels sont les principaux axes des projets culturels francophones en Arménie ?

Sur la programmation culturelle, les grandes directions sont le cinéma, les arts visuels, les arts de la rue, la musique. Le cinéma tout d’abord. On soutient des festivals comme Abricot d’or, festival documentaire Reanimania, Rolan, etc, mais nous proposons aussi aussi nos propres festivals dans notre programmation. On a organisé au mois de février le Festival du Film français et là nous avons le festival du film francophone. En janvier nous avons eu le plaisir d’organiser la première, au cinéma Moscou, du dernier film de Serge Avédikian, "Retourner à Sölözé". On a prévu plus de crédits cette année pour cela. 

On va également soutenir d’autres projets d’autres associations qui montent des festivals de cinéma, notamment avec du cinéma français et du grand cinéma international classique, des chefs-d’œuvre du cinéma mondial, on va élargir nos soutiens aux partenaires arméniens sur des opérations culturelles. 

Il y a aussi tout ce qu’on appelle les arts visuels, notamment tout ce qui est photographie, expositions de photographie, peintures, images numériques. Nous allons proposer d’ailleurs une exposition qui s’intitule « Vie digitale ».

Aussi les arts de la rue, comme le cirque contemporain. C’est un cirque d’acrobates, de performances visuelles, qui racontent un récit en continu à travers plusieurs performances.. Cela peut être très impressionnant et très beau. C’est prévu cette année entre Erevan et Gumri. 

De la musique, des concerts et du théâtre. D’ailleurs on soutient le projet d’Atelier d’Art Dramatique de Serge Avédikian, porté aussi par d’autres partenaires. C’est un projet qui nous plaît et qu’on a déjà soutenu l’année passée et qu’on soutiendra cette année. Nous avons soutenu aussi la Compagnie Satéâtre qui va venir également dans le cadre de la célébration de la francophonie

 

Conseils.

Quelques conseils de votre part pour un apprentissage effectif et affectif de la langue française? 

Sur le plan affectif, il faut avoir envie d’apprendre une langue. Si on n’a pas envie, cela ne sert à rien. Il faut se sentir attiré par la langue, il faut une ou plusieurs choses qui vous motivent : vous pouvez être attiré par la sonorité de la langue, par l’alphabet, la littérature, la culture, par le pays, parce que vous avez de la famille, parce que vous êtes d’origine… Vous pouvez avoir envie d’apprendre une langue parce que vous avez rencontré quelqu’un. Il y a plein de motivations. 

La langue est une partie tellement importante de nous-mêmes, notre langue maternelle, que si on essaie d’apprendre une autre langue, oui, il faut de l’affection et de l’affectivité, sinon c’est absolument impossible. La langue ce n’est pas comme des mathématiques, ce n’est pas même comme de l’histoire, cela se dit, cela se parle, on est dans la réalité, on est dans la vie quotidienne, donc il faut se sentir au minimum attiré par la langue, sinon cela ne va pas marcher. 

Sur le plan de l’effectif, ce n’est pas compliqué, vous travaillez. Il faut un apprentissage régulier, chaque jour si c’est possible. Et il faut pratiquer, écouter, lire le vocabulaire, tous les jours. 

Et puis il y a une dimension qui est très importante. Quand on apprend une langue, il faut accepter l’idée que l’on commence quelque chose à zéro, comme un enfant. 

Il faut accepter aussi qu’on va se tromper, faire des erreurs. Je dirais qu’il faut faire preuve d’une grande humilité. Je considère que tout apprentissage de langue est une grande école d’humilité. Car plus on apprend, plus on comprend combien de choses nous avons encore à apprendre. 

Il faut être prêt ! Il faut être courageux et humble ! Et maintenir coûte que coûte.