Face à l'Azerbaïdjan, soutenir l'Arménie c'est soutenir le droit à la vie

Arménie francophone
18.07.2020

La frontière de la République d'Arménie est à nouveau soumise à d'intenses tirs et bombardements de l'armée azerbaïdjanaise. Dans ce contexte d'urgence humanitaire, une vingtaine de parlementaires français signent une tribune.

Parlementaires français de tous bords, nous voulons exprimer notre préoccupation extrême face à la reprise des hostilités entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Les échanges d'artillerie qui se déroulent depuis ce 13 juillet à la frontière la plus septentrionale entre les deux pays ont déjà fait une dizaine de morts ; une dizaine de morts de trop. Condamner ces affrontements sans en blâmer les responsables ne saurait cependant suffire, tant mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde. 

Cette reprise des affrontements constitue la conséquence directe - nous le savons tous - de la stratégie de la tension voulue et entretenue par Ilham Aliev, l'autocrate d'Azerbaïdjan. La guerre est une échappatoire commode pour qui veut divertir son peuple des avanies qu'il lui fait subir : privation des libertés publiques, corruption, népotisme et spoliation. En promouvant, ouvertement et depuis des années, une éducation à la haine des Arméniens, il est alors commode au président azerbaïdjanais de canaliser ses frustrations, aggravées par la chute des cours du pétrole, vers un peuple voisin, construit comme ennemi héréditaire. Cela est d'autant plus facile que - encore plus depuis sa révolution de velours - l'Arménie fonde quant à elle son développement économique sur le renforcement de l'Etat de droit et sur les technologies d'avenir. Au demeurant, cette nouvelle agression azerbaïdjanaise ciblant directement le territoire arménien montre combien le Haut-Karabagh n'est qu'un prétexte pour un régime azerbaïdjanais qui - présentant désormais l'Arménie comme "une terre azerbaidjanaise" - ne fait guère mystère d'éradiquer toute présence arménienne de la région, ambitionnant ainsi de parachever un génocide vieux de plus d'un siècle.

A ce sujet, nous condamnons sans appel le soutien apporté par la Turquie aux entreprises belliqueuses de l'Azerbaïdjan. Il est inadmissible de voir ainsi jeter de l'huile sur le feu un Etat membre du groupe de Minsk de l'OSCE - Etat supposé en tant que tel favoriser la résolution pacifique du conflit entre le Haut-Karabagh et l'Azerbaïdjan et promouvoir une réconciliation régionale. A l'instar du Président Aliev, les menées du Président Erdogan visant à compenser l'effondrement de sa popularité par des aventures militaires extérieures déstabilise toute la région. Après l'occupation militaire turque de Chypre et du nord de la Syrie, après l'ingérence d'Ankara en Libye, cette immixtion néfaste de la Turquie au Sud Caucase constitue une nouvelle menace à l'encontre de la paix régionale et du même fait une nouvelle offensive directe contre les intérêts de la France et de l'Union européenne. 

Confrontés à tel mépris des valeurs promues par la Chartes des Nations unies et fondant la communauté internationale, nous appelons le gouvernement à prendre les mesures politiques et opérationnelles qui s'imposent. Nous ne saurions ici transiger et entendons rappeler que face à l'Azerbaïdjan, soutenir l'Arménie c'est soutenir le droit à la vie.

Premiers signataires:

* Michel Amiel (sénateur LIRT des Bouches-du-Rhône)

* Valérie Boyer (députée LR des Bouches-du-Rhône)

* Danièle Cazarian (députée LREM du Rhône)

* Jean-Pierre Cubertafon (député MoDem de Dordogne)

* Bernard Fournier (sénateur LR de la Loire)

* Guillaume Kasbarian (député LREM d'Eure-et-Loir)

* Sonia Krimi (députée LREM de la Manche)

* François-Michel Lambert (député LT des Bouches-du-Rhône)

* Jean-Michel Mis (député LREM de la Loire)

* François Pupponi (député PS du Val d'Oise)

* Guy Teissier (député LR des Bouches-du-Rhône)

Source: Atlantico.fr