La dramaturgie belge francophone à l’honneur en Arménie

Arménie francophone
12.10.2022

Les Rencontres théâtrales francophones promeuvent le théâtre francophone contemporain en Arménie depuis plusieurs années déjà. Avant-Scène, l’association en charge de leur organisation, avait invité cette année, du 3 au 7 octobre, des dramaturges venus de Belgique.

Par Lusine Abgaryan

Dans le cadre de la quatrième édition des Rencontres Théâtrales Francophones en Arménie, trois auteurs belges ont été invités à présenter leurs œuvres et rencontrer le public et les lecteurs arméniens. Céline Delbecq, comédienne et metteur en scène, fondatrice de la Compagnie de la Bête Noire, Laurent Van Wetter, dramaturge et comédien belge francophone traduit en plusieurs langues et Paul Emond, romancier, auteur dramatique et essayiste, membre de l’Académie royale de Langue et de littérature française de Belgique 

L’une des composantes du projet d’Avant-Scène, l'association du Théâtre francophone en Arménie, est de faire traduire et publier des pièces des auteurs contemporains, contribuant ainsi à l’enrichissement du répertoire et des compagnies théâtrales arméniens avec des pièces d'auteurs contemporains. Ainsi, préalablement à l'ouverture de ces Rencontres, le 3 octobre, quatre livrets de leurs pièces en version bilingue attendaient déjà leurs auteurs sur la table d’un éditeur. Une équipe de cinq traducteurs, dont Grigor Djanikyan, Naïra Manoukyan, Théophana Vardanyan, Zarouhi Grigoryan et Lusine Musakhanyan avait œuvré à la traduction en arménien de huit pièces des auteurs invités. Les lecteurs, le public et les théâtres arméniens peuvent ainsi avoir accès facilement à leurs œuvres. Ces livrets sont parus à la maison d’édition Ankyunacar, en partenariat avec Lansman éditeur grâce au soutien de différentes fondations.

Leur présentation au public s’est déroulée en présence des auteurs, de leurs traducteurs ainsi que de jeunes comédiens qui en ont fait des lectures théâtralisées en français et en arménien, offrant à leurs auteurs le plaisir d’écouter des extraits de leurs textes avec la musicalité de la langue arménienne.

Un dialogue interculturel entre les dramaturges belges et arméniens sur le thème du théâtre a suivi les discussions lancées lors de la présentation des livres. Cette table ronde qui réunissait aux côtés des dramaturges belges leurs confrères arméniens, Karine Khodikyan, Anush Aslibekyan et Elfiq Zohrabyan, a permis d'appréhender et de décrire les deux réalités, européenne et arménienne, dans lesquelles se créent des œuvres dramatiques. La salle historique de l’Union des écrivains d’Arménie s'est animée d'une riche discussion sur les rapports du texte et de la mise en scène, ainsi que sur les problématiques et tendances actuelles de la dramaturgie et de l’écriture théâtrale dans le monde, les pays francophones, en Arménie et en Belgique.

Les Rencontres théâtrales se sont poursuivies à Gyumri, au théâtre Réflexions, où les compagnies professionnelles qui s’initient à la langue française, ainsi qu’une compagnie universitaire ont occupé le plateau deux soirées durant avec les pièces des auteurs invités. Six représentations données par de jeunes artistes se sont succédées sur les deux journées réservées à cette manifestation, des pièces en français ou en deux langues, évoquant les questions existentielles et universelles du féminicide et de la violence, de l'exil et des migrations, mais aussi des relations amoureuses et des intrigues sentimentales.

Les organisateurs ont mis en avant l’importance de la réalisation de tels projets dans ce contexte si particulier pour l’Arménie, indiquant qu'ils n’avaient pas souhaité reporter le projet malgré les évènements tragiques qui ont secoué le pays mi-septembre. « Ces projets nous apportent un bol d’air, notamment dans cette période difficile pour l’Arménie et le peuple arménien. La mise en œuvre de tels projets prouve une fois de plus que l’esprit de la jeunesse arménienne est indéfectible, que son amour pour la culture francophone est sans cesse réaffirmé », a souligné Ani Djanikyan.

Le projet était porté par de nombreux partenaires locaux et internationaux convaincus de sa faisabilité et de son impact sur la jeunesse et les artistes. Éric Poppe, le représentant de l’Organisation internationale de la Francophonie pour l’Europe centrale et orientale, a notamment tenu à souligner qu’il n'avait pas hésité à soutenir ce projet, « car il s’adresse à la jeunesse et sa décentralisation lui permet de toucher de nouveaux publics, en dehors d'Erevan.

Le projet sera renouvelé dans une prochaine édition pour que d’autres auteurs francophones s’adressent, en arménien et en français, au public et aux lecteurs arméniens.