« Les francophones » : une discussion autour de deux livres politiques et leur influence

Arménie francophone
19.02.2020

Le 17 février, à la librairie Zangak, le journaliste David Sargsyan s’est entretenu avec l'ambassadeur de France en Arménie S.E.M. Jonathan Lacôte, le vice-ministre arménien des Affaires étrangères Grigor Hovhannisyan et Arman Yeghoyan, président du comité permanent de l'Assemblée nationale sur l'intégration européenne. La discussion portait sur les livres « Révolution » d’Emmanuel Macron et « Terrain d’entente » de Justin Trudeau. Les deux livres ont été traduits en arménien en 2018 par les éditions Newmag, à l’occasion du XVIIe Sommet de la Francophonie.

Les conférenciers ont discuté de l'influence politique de ces livres dans leurs pays, des problèmes contemporains soulevés par les deux dirigeants et des solutions qu'ils proposent. Ils ont notamment abordé la question du populisme et du nationalisme, et de la menace que ces tendances représentent pour le système politique libéral moderne. La discussion s’est aussi portée sur l“évolution des systèmes actuels de gestions et des règles internationales de sécurité. Des analyses des causes de ces évolutions ont été délivré, et des solutions proposées.

Le vice-ministre des Affaires étrangères Grigor Hovhannisyan a indiqué qu'il n'avait pas encore lu les livres, mais s’intéressait aux retours du public. « En tant que diplomate, je connais les canaux créés par la publication de ces livres en France, au Canada et sur la scène internationale », a déclaré Hovhannisyan. Il a souligné qu’Emmanuel Macron a relancé dans son livre une conversation sur le rôle de la France en tant qu'axe de civilisation, en tant qu'acteur majeur de la civilisation européenne et mondiale.

Le président du comité permanent de l'Assemblée nationale sur l'intégration européenne Arman Yeghoyan a souligné que le livre d’Emmanuel Macron relevait plutôt du manifeste. « Maintenant, en suivant la politique du président français, je peux constater qu'il s'efforce de mener à bien les programmes décrits dans le livre. Il aborde des questions qu'il jugeait problématiques avant d'être élu président », a déclaré Arman Yeghoyan.

En France, les hommes politiques s'essaient souvent à l'écriture. Les rentrées littéraires sont toujours riches en ouvrages politiques. L’ambassadeur de France en Arménie S.E.M. Jonathan Lacôte a justement parlé de l’importance des livres politiques en tant qu’outil de communication au service d’une stratégie politique.

« En France il y a une très forte imbrication entre la politique et la littérature. Le maniement de la littérature, l’art d’écrire fait partie de la symbolique du pouvoir en France. Nous avons eu des présidents écrivains. En plus d’écrire nos présidents associent des écrivains à leur cabinet. Par exemple, le candidat Emmanuel Macron était accompagné d’un écrivain durant sa campagne électorale. Il était accompagné de Philippe Besson qui a ensuite écrit un livre intitulé « Un personnage de roman », a rappelé M. l’Ambassadeur.

En France les gens n’imaginent pas que quelqu’un puisse se présenter à la présidence de la République sans être capable d’écrire un livre. « L’écriture en France fait pleinement partie de l’exercice du pouvoir. Écrire, lire, connaître ses classiques, s’entourer d’écrivains cela fait partie de l’exercice du pouvoir en France. […] Le livre politique est quelque chose d’extrêmement important en France. Tout ce qui se dit ensuite à la télévision, dans les réseaux sociaux, voire au parlement est la conséquence de ce qui a été écrit dans ces livres. Écrire un livre en France est vraiment un acte politique », a ajouté M. Jonathan Lacôte.

Tout en reconnaissant les différences culturelles entre la France et l’Arménie, M. l’Ambassadeur a parlé de l’amour commun de ces deux pays envers les lettres.

« Quand je vois que nous avons un parlementaire et un ministre qui parlent parfaitement français, quand je vois le public aussi nombreux ce soir, nous sommes dans une librairie qui vend des livres en français, en présence d’un éditeur qui édite des auteurs français ; je me dis qu’il y a beaucoup de points communs entre la France et l’Arménie de ce point de vue. Il n’y a qu’en Arménie que j’ai trouvé un parlementaire qui connaît mieux la poésie française que moi. C’est toujours un très bel hommage quand on est ambassadeur de voir que les personnes auprès de qui on travaille connaissent votre pays, votre littérature parfois mieux que vous », a conclu M. l’Ambassadeur.