De Narékatsi à Komitas : deux figures, un album

Arts et culture
27.04.2022

Narine Simonian, pianiste et organiste, et Mekertitch Mekertitchyan, chanteur et chef de chœur, sortent un album musical intitulé "Narekatsi-Komitas", réunissant en un seul volume les perles musicales de ces deux figures légendaires de la culture arménienne.

Par Lusine Abgarian

Les deux artistes auteurs de l’album, nés en Arménie, poursuivant leur carrière internationale depuis la France, ne se ont jamais éloignés de leur source. À travers leurs nombreuses réalisations, Nariné comme Mekertitch se sont constamment inspirés de la culture musicale arménienne en se consacrant à la promotion internationale des œuvres les plus illustres des compositeurs arméniens de différents époques.

L'album né de cette fructueuse collaboration, avait comme intention de marier deux époques différentes à travers les figures éminentes de Narékatsi et Komitas, tout en combinant des performances instrumentales et vocales.

« Le projet est né sur proposition de Nariné Simonian, musicienne de renommée internationale et lauréate des plus grands prix internationaux », souligne Mekertitch Mekertitchyan, lui-même grand connaisseur de la musique arménienne médiévale. Il a dirigé le chœur de chants lyriques de Khor Virap de 1981 à 1992, parallèlement à son parcours de fondateur du chœur "Narek" au sein de l'Orchestre Philharmonique d’État d’Arménie et à sa carrière en tant que soliste.

Plusieurs éléments font l’originalité de cet album. L’œuvre de Nariné, - elle avait déjà transposé à l’orgue une partie de la liturgie de Komitas - se complète aujourd'hui des enregistrements des chants lyriques de Narékatsi interprétés par Mekertitch.  « Orgue et voix à cappella… Ce fut un mariage très harmonieux, sans aucune monotonie », fait-il remarquer.

L’héritage musical de Narékatsi, ce grand poète, philosophe et musicien arménien du moyen âge, nous a été transmis à travers les rites ecclésiastiques. Même accompagnés de certaines modifications, le style et l’écriture de Narékatsi sont préservés et se font clairement sentir. Ses " tagh"* les plus célèbres ont été enregistrés par Komitas, par Makar Yékmalian, et récemment, par Arpi Vardoumian, musicologue-scientifique à Maténadaran, qui a retrouvé un autre " tagh", en le proposant avec le système de notation contemporaine. « Cet album en constitue le premier enregistrement vocale », précise Mekertitch. 

Seuls dix-neuf des "tagh" de Narékatsi nous sont parvenus, et dont uniquement six avec les musiques. Ils sont au cœur de cet album, aux côtés des extraits de la grande liturgie de Komitas joués à l'orgue et accompagnés d’un chœur et de chanteurs solistes, enfin, on y retrouve aussi un magnifique "charakan", ce chant arménien caractéristique la liturgie de l’église apostolique arménienne

Les textes abrégés des "tagh", en français et en arménien, trouvent également leur place dans le livret de l’album pour une meilleure compréhension de l’œuvre proposée.

L’album est actuellement en vente dans les églises arméniennes, dont la cathédrale arménienne Saint-Jean-Baptiste de Paris au 15 de la rue Jean-Goujon dans le 8ème arrondissement.

 

* Un genre d’écriture de chansons monodiques arméniennes