
A l’occasion du 25e anniversaire de l’Université française en Arménie (UFAR), Le Courrier d’Erevan lance une série d’interviews consacrée aux parcours de réussites des alumni de l’UFAR, en commençant par les tous premiers diplômés.
Martun Panosyan est un ancien étudiant de l'UFAR, qui a obtenu son master en droit des affaires internationales au sein de l'université Jean Moulin Lyon 3 et de l’UFAR, en 2009. Aujourd’hui, il est, entre autres, « président de l'union des avocats francophones d'Arménie, une association qui unit les avocats arméniens francophones d'Arménie et qui coopèrent avec plusieurs confrères de pays francophones », explique-t-il.
« Quand je suis témoin d’une injustice, je ne peux pas rester passif »
Originellement, il rejoint les bancs de l’Université française en Arménie grâce à son grand-père. « A la télévision, il a découvert l’existence d’une université française, et ensemble nous avons visité le tout premier bâtiment, rue Vardanants. J’avais 15 ans », rembobine-t-il. Quelques années plus tard, le rêve devient réalité. Il intègre l’UFAR et obtient son premier stage professionnel en 2007, au sein de l'usine Yerevan Brandy Company. Ensuite, en 2008, il effectue un deuxième stage professionnel dans une société qui s'appelle Cascade Consultants et Cascade Capital Holdings à l'époque, qui est une organisation financière. En 2009, à l’occasion de son troisième stage, il intègre un cabinet d'avocats, Concern Dialogue, qui l’ont par la suite embauché. Le métier d’avocat est une vocation profonde chez Martun Panosyan. « Quand je commence à parler des différents dossiers et que je suis témoin de l'injustice, je ne peux pas rester passif, je veux agir, intervenir en tant qu'avocat ou en tant qu'être humain ». Le souvenir le plus marquant de ses années à l’UFAR demeure « les semaines d’examens intenses et stressantes ». Il dit également être reconnaissant de son passage l’UFAR, qu’il considère comme son « Alma Mater », sa mère nourricière, qui lui a « beaucoup donné et appris ».
Dans le cadre de ses stages, il a eu l’opportunité de travailler à l’étranger, dans des cabinets parisiens. Cette expérience l’a amené à relever de nombreux défis, comme « la différence de mentalité, la non-compréhension de la réalité ou des dossiers parce qu'on a vécu dans des sociétés, des réalités différentes », analyse-t-il. Il les a surmontés « en étudiant la réalité locale, en essayant de m'adapter, et en suivant les conseils de mes amis, des collègues », complète-t-il. Par la suite, Martun Panosyan obtient le poste de conseiller du bâtonnier d'Arménie qu’il occupe depuis 2013. « Je suis devenu membre du conseil du barreau d'Arménie à l'âge de 27 ans, j'étais le plus jeune. Ces réussites sont liées au rôle déterminant de la France et de la francophonie », réalise-t-il.
Le plus grand défi de sa carrière s’est réalisé lorsqu’il s’est mis à représenter sa profession en France. « J’étais aussi conseiller du président de l'Union internationale des avocats, qui est l'organisation la plus ancienne de la profession d'avocat, créée en 1930. Au bout de deux ans, j'étais conseiller du président de cette association qui regroupe 130 pays du monde. C'est une organisation mondiale très importante. Je l'ai surmonté avec difficulté, beaucoup de stress, car c’étaient des réunions qu'on faisait dans différents coins de l'Europe. Nous avons eu des agendas très compliqués ».
« Poursuivre son rêve jusqu’au bout et ne pas se décourager »
L’autre défi majeur de sa carrière, sont les dossiers qu’il a à traiter. « De temps en temps, nous avons des dossiers éprouvants psychologiquement et physiquement. On les surmonte parfois avec joie, ou avec anxiété. Mais on essaie de réussir et d'avancer malgré tout », raconte-t-il. L’apprentissage des langues, et notamment du français lui a beaucoup servi pour sa carrière et lui a « offert la possibilité de rencontrer des clients francophones, de travailler avec de grosses sociétés françaises qui ont le projet de s'installer en Arménie ou l'inverse, des Arméniens qui souhaitent s'installer en France. La connaissance des langues étrangères m'a beaucoup servi dans différents pays et lors réunions dans divers pays européens », observe-t-il.
La plus grande leçon qu’il ait apprise, c’est de « poursuivre son rêve jusqu’au bout et ne pas se décourager, abandonner son objectif, car le travail finit toujours par payer. Mes conseils pour les étudiants actuels et les autres candidats c'est de beaucoup travailler, sans croire qu'avec peu de travail on peut arriver à de bons résultats parce que même si on est intelligent, sans le travail on ne peut pas arriver à de bons résultats. Mon deuxième conseil, est de ne jamais se décourager, car évidemment il y aura des problèmes, des obstacles, et tout ne sera pas gagné d’avance. D’ailleurs, il recommande aux étudiants qui entrent dans le marché du travail de ne pas « demander un salaire trop conséquent et de lourdes responsabilités dès le début. Il faut qu'ils sachent que même s'ils sont très intelligents, il faut une expérience que théoriquement ils ne peuvent pas avoir avant de commencer le travail », explique-t-il.
Voici selon lui les qualités nécessaires aux étudiants pour réussir leur parcours professionnel. « La personne doit être de fort caractère, c’est-à-dire stable psychologiquement pour ne pas se décourager. Cela signifie travailler sans cesse pour franchir les obstacles et parvenir au résultat. La deuxième qualité est d’avoir un but très concret. Enfin, la troisième qualité est de rester gentil, bon, et aider les gens ». Pour l’avenir de l’UFAR, Martun Panosyan pense qu’il serait intéressant de « développer les contacts, les possibilités pour les étudiants et pour les anciens de travailler et coopérer ».