Intervention de François-Xavier Bellamy au Parlement européen

Région
27.04.2021

François-Xavier Bellamy, député européen, qui avait visité l'Arménie il y a quelques semaines, est intervenu au Parlement européen avec le discours suivant prononcé dans le cadre du débat sur les suites de la réunion UE-Turquie :

« Madame la Présidente de la Commission, Monsieur le Président du Conseil,

Le jour de votre visite à Ankara j'étais à Erevan, j'ai visité un hôpital arménien qui soigne les blessés de la dernière guerre. Et en croisant le regard, j'ai eu honte de venir d'Europe. Honte des compromissions européennes face aux agissements d'Erdogan contre les Kurdes, trahis en Syrie après avoir vaincu Daesh, honte pour les civils de Libye, honte pour nos frères grecs, chypriotes, bulgares, dont la souveraineté est constamment menacée, honte pour le peuple d'Arménie, peuple frère de l'Europe, abandonné à une agression unilatérale et qui a dû faire face seul aux drones de Erdogan, à ses mercenaires djihadistes, à ses bombes à sous-munitions.

J'ai été à Yerablur, ou reposent des milliers de jeunes, qui sont morts comme tant d'autres dans le camp adverse, seulement parce qu'Erdogan a décidé que la violence valait mieux que la diplomatie pour faire valoir ses intérêts. C'est un crime absolu en soi, commis par un chef d'État qui se refuse à dénoncer le génocide des Arméniens – ce qui devrait suffire ici à nous alerter. Mais c'est aussi un précédent terrible : nous laissons sans dire un mot, la deuxième armée de l'OTAN violer impunément le droit international. Et la seule chose qui a ému l'Europe, c'est une chaise manquante ! Depuis le début de ce débat, on dirait que le premier problème avec la Turquie, c'est un problème de protocole. Mais ouvrons les yeux !

La civilisation européenne a pourtant tant à dire au monde, tant de bien à faire. Et l'Europe a aussi, si elle voulait s'en servir, tant de leviers pour agir. Le premier signe serait d'exiger, d'exiger enfin que tous les prisonniers de guerre arméniens encore détenus à Bakou soient libérés sans délai, que soit mis fin à ce crime de guerre. Si l'Europe le voulait, l'Europe le pourrait. Il est temps de retrouver le sens des urgences essentielles. Merci beaucoup. »