"La communaute internationale doit passer des mots aux actes" - Araik Harutyunyan

Région
13.02.2023

Après deux mois de blocus ininterrompu du corridor de Latchine et du siège du Haut Karabagh par l'Azerbaïdjan, Arayik Harutyunyan, président de la République autoproclamée d'Artsakh, a appelé la communauté internationale, ce lundi 13 février,  à agir de façon urgente et concrète pour mettre fin dans les meilleurs délais au drame humain qui s'y joue.   

Voici maintenant deux mois que l’Azerbaïdjan impose un blocus aux 120 000 habitants de la République d’Artsakh (Haut-Karabagh) ayant comme objectif le nettoyage ethnique de l’Artsakh de sa population arménienne. Ce blocus illégal est contraire à toutes les normes du droit international et aux propres engagements pris par l’Azerbaïdjan aux termes de la déclaration tripartite du cessez-le-feu du 9 novembre 2020.

Ce blocus fondé sur la politique étatique de l’Azerbaïdjan de haine raciale à l’encontre des Arméniens est total : il prive les 120 000 Artsakhiotes d’un accès normal à la nourriture, à l’énergie, aux soins, aux produits et aux services de première nécessité. Il constitue en conséquence une atteinte grave, délibérée et massive au droit à la vie et à d’autres droits fondamentaux de mes concitoyens.

Depuis le 20 janvier, afin de parer aux graves déficits alimentaires qui en résultent, le gouvernement artsakhiote est contraint de contingenter l’accès à la nourriture via des tickets de rationnement limitant la consommation à un kilo de riz, de sarrasin, de pâtes, de sucre et d’huile par mois et par personne. La liste des produits sera élargie prochainement.

En coupant l’approvisionnement de l’Artsakh en gaz et en électricité dans les conditions de températures hivernales, l’Azerbaïdjan aggrave la crise humanitaire. En raison de l’absence de moyen de chauffage et de pénurie alimentaire l’ensemble des crèches, écoles primaires et secondaires du pays a été fermé privant les 20 000 élèves du pays d’une scolarité normale.

L’activité économique de nombreuses entreprises est suspendue, des milliers de salariés se trouvent sans emploi. Le programme de construction immobilière destiné à loger les personnes déplacées des territoires occupés par l’Azerbaïdjan est arrêté. Toutes les opérations chirurgicales prévues sont empêchées mettant ainsi directement en danger la vie de quelques six cent patients.

Nous savons gré au Comité International de la Croix-Rouge ainsi qu’au contingent des forces de maintien de la paix de leurs efforts et de leurs initiatives pour avoir assuré le transport de quelques 90 personnes en situation critique vers l’Arménie, pour avoir permis à des dizaines d’enfants isolés de retrouver leur famille en Artsakh et pour transporter le minimum vital de vivres qui permet à mes concitoyens de ne pas mourir totalement de faim.

La situation demeure, néanmoins, insupportable dans les conditions d’une sévère pénurie alimentaire, de médicaments, de produits vitaux, de l’arrêt de l’apprivoisement en gaz et en électricité, de la séparation des milliers de familles, de la dégradation de la situation économique et de la crise humanitaire.

Nous saluons les prises de positions fortes des exécutifs et des élus de nombreux Etats, y compris des pays européens, des ONG internationales appelant l’Azerbaïdjan à la levée immédiate et inconditionnelle de ce blocus.

Ces demandes et prises de positions sont cependant de peu d’effets face à l’intransigeance fanatique et haineuse de l’Azerbaïdjan. C’est pourquoi la communauté internationale doit passer aux actes comme elle sait le faire par ailleurs, lorsque des signes avant-coureurs d’une politique génocidaire sont si présents.

Nous demandons à la France, aux Etats-Unis et la Russie qui coprésident le groupe de Minsk de l’OSCE, comme à l’ensemble de la communauté internationale, de mettre en place – ensemble ou séparément – des mesures efficaces pour débloquer la route de la Vie de l’Artsakh et pour prévenir de nouveaux crimes. Nous leur demandons aussi de mettre en place un régime de sanctions à l’encontre de l’Etat azerbaidjanais, de tous les auteurs des crimes commis contre le peuple artsakhiote, entre autres, en leur interdisant l’accès à leurs territoires et en gelant les avoirs mobiliers et immobiliers qu’ils détiennent dans leurs pays.

La tentative de nettoyage ethnique de l’Artsakh par l’Azerbaïdjan relève de la catégorie juridique des crimes erga omnes contre l’Humanité. La prévenir constitue un devoir moral mais aussi une obligation politique et juridique qui s’impose à l’ensemble des signataires de la Charte des Nations Unies.

Il est donc de la responsabilité de la communauté internationale de faire le plus possible pour protéger le peuple artsakhiote afin qu’il puisse continuer à vivre dignement dans son propre pays.