La troisième saison de l'Atelier d'Art Dramatique bilingue s'est clôturé le 12 avril sur une représentation finale précédée d'une cérémonie réunissant plusieurs officiels et Serge Avedikian, à l'origine de cette initiative phare dans le domaine artistique en Arménie francophone.
Par Darya Jumel
Ce dernier acte de l'édition 2023-2024 de l'Atelier d'Art Dramatique bilingue a rassemblé vingt-cinq jeunes acteurs et metteurs en scène parmi soixante-cinq candidats, tous animés par le désir de se familiariser avec les méthodes de travail des artistes invités, les traditions théâtrales ainsi que les tendances contemporaines étrangères.
Les ateliers se sont déroulés à l’Institut de Théâtre et de Cinéma d’État d’Erevan, sur cinq sessions cette année animées par cinq comédiennes de renom : Isabelle Guiard, Corinne Jaber, Nora Armani et Léna Paugam, venues spécialement de France, ainsi que Stefana Samfira, artiste invitée de Roumanie. Dix de leurs jeunes élèves arméniens auront l'opportunité de participer à des ateliers de théâtre en France, du 15 au 27 mai prochain, sur le thème de la résistance et de la poésie, en écho à la récente panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian pour leur contribution à la culture et à la résistance.
Serge Avedikian était présent à la cérémonie de clôture de l'"Atelier" 2023-2024. Il a pris la parole pour aborder la situation en Arménie et en Artsakh, soulignant dans ce contexte difficile le soutien essentiel des partenaires qui ont permis la réalisation du projet. Il a également reconnu l'intérêt et la qualité des formations proposées par l'Institut de Théâtre et de Cinéma d'Erevan aux jeunes artistes du pays, « un centre d'excellence pour l'art dramatique en Arménie ».
Témoignant pour sa part de son « expérience de collaboration enrichissante », Sara Nalbandyan, la rectrice de l'institut a remarqué des évolutions significatives tant sur le plan psychologique que technique des participants. Elle a mis en avant le rôle de l'art dans la promotion de la diversité et de l'échange culturel, notant l'importance pour les artistes arméniens de rayonner à l'échelle francophone et internationale.
Cette initiative incarne les valeurs de la francophonie à travers l'art, comme l'a noté Guillaume Narjollet, fervent défenseur du projet. Daniel Danielyan, vice-ministre de la Culture, a enfin salué la détermination nécessaire pour mener à bien ce projet malgré les difficultés, plaidant pour l'ouverture des frontières et la transcendance des barrières linguistiques afin d'élargir les horizons et d'enrichir les compétences des artistes arméniens.
La représentation finale a également illustré la réussite du projet dans son objectif de promouvoir le bilinguisme dans l'art et de renforcer les liens culturels entre l'Arménie et la francophonie. Elle laisse entrevoir de nouvelles perspectives pour l'avenir de l'art dramatique dans le pays, incarnées notamment par les élèves de l'"Atelier".
Garik Nikolian, régisseur et metteur en scène arménien de 24 ans, servait sous les drapeaux mble en porter les espoirs lorsqu'il s'est inscrit à ce projet. « J'ai passé les premières auditions en costume, depuis la base militaire. J'ai rejoint la troupe un mois plus tard, le plus grand challenge était de jouer en français. Après l'armée j'ai pu revenir au monde du théâtre et ça m'a fait beaucoup de bien ».
Pour Kristine Grigoryan, étudiante de 22 ans et actrice amateure, « cette expérience m'a permis de découvrir le théâtre professionnel et de me libérer de nombreux complexes. J'ai également appris beaucoup de choses sur moi-même », confie-t-elle, « l'équipe a été extrêmement bienveillante et travailler avec des Français m'a permis d'améliorer ma maîtrise de la langue. Mon rôle, en plus, tiré d'"Exercices de style" de Raymond Queneau, était celui une femme très libérée qui cherche à séduire un inspecteur en utilisant beaucoup d'anglicismes ».
En 2027, les regards du monde se tourneront vers l'Arménie alors qu'elle accueillera les prestigieux Jeux Culturels et Sportifs de la Francophonie, un événement d'envergure internationale diffusé à travers le globe au sein duquel l'art théâtral promet d'être particulièrement bien représenté. David Bongard, l'adjoint du représentant de l’OIF Europe centrale et orientale présent lui aussi à l'ultime représentation de l'Atelier" cette année, l'a confirmé et rappelé l'importance cruciale de la préparation en vue de cet événement exceptionnel.
