L’Arménie devrait développer ses relations avec la Suisse

Société
10.01.2022

Un partenariat économique et diplomatique plus étroit serait mutuellement profitable aux deux pays à en croire Guy Parmelin, président sortant de la Confédération Suisse, à la tête du ministère de l’Économie en 2022. 

Par Anna Aznaour, notre correspondante à Genève

Être petit, sans pétrole et entouré de gros voisins très ambitieux n’est pas toujours une condamnation au dépeçage et à l’asservissement. La Suisse en est l’exemple le plus illustre. Sa recette ? La diplomatie, qui sera une nouvelle fois au cœur de la politique helvétique en 2022. Et pour cause : la confédération qui compte moins de 9 millions d’habitants et n’a pas connu la guerre depuis 174 ans, a désigné Ignazio Cassis, son actuel ministre des Affaires étrangères, comme nouveau président. Un mandat qui ne durera que douze mois, les Suisses changeant de chef de gouvernement chaque année.

Ignazio Cassis est une figure bien connue du paysage politique helvétique puisqu'il en est l'un de ses sept conseillers fédéraux, l'équivalent de nos ministres d'état, chacun en charge de l’un des sept ministères du pays. Dans l’article "Poutine et Biden vont se rencontrer en Suisse", le Courrier d’Erevan l'avait interrogé en compagnie de Guy Parmelin, autre politicien clé de l’année 2021, au sujet des discussions relatives à la question arménienne entre les présidents russe et américain. L'entrevue genevoise, tant à propos de l’Arménie que du Karabakh, s'était soldée par un silence politico-médiatique tellement criant qu’il ne semblait attester que de la faiblesse d’Erevan sur l’échiquier mondial.

Position difficile qui n'obère en rien, pourtant, des opportunités bien réelles. Parmi celles-ci, la possibilité d’une collaboration économique avec l'Association européenne de libre-échange - l’AELE - fondée en 1960 à l’intention des pays du "vieux continent" non-membres de la Communauté économique européenne (CEE) ou ne souhaitant pas l'intégrer. Depuis sa création, l’AELE a compté jusque dix membres, quatre seulement en font aujourd'hui partie : la Suisse, le Liechtenstein, la Norvège et l'Islande. « Des discussions sont en cours entre l’AELE, la Moldavie et le Kosovo sur des accords de libre-échange auxquels l’Arménie pourrait également se joindre », a affirmé Guy Parmelin au Courrier d’Erevan, quelques jours avant la fin de son mandat présidentiel. Il convient de rappeler que la Suisse est, après la Russie, le deuxième pays importateur des produits arméniens (horlogerie, textiles, métaux précieux) et un fournisseur de premier ordre en produits pharmaceutiques et équipements industriels. Une collaboration d’autant plus intéressante pour Berne que des accords de même type entre la Suisse et l’Union Européenne (UE) restent dans l’impasse après que le président helvétique ait claqué la porte des négociations en mai 2021, las des pressions de Bruxelles d’intégrer l’UE et d’accueillir plus de migrants.

Quant à la coopération diplomatique entre Erevan et Berne, l’arrivée d’Ignazio Cassis à la tête du pays pourrait être une aubaine pour l’Arménie, à en croire le discours du Suisse. Originaire du seul canton italophone sur les 26 qui composent la Confédération helvétique, et dont seulement cinq représentants ont occupé le poste de chef d’État depuis sa création, le nouveau président a rappelé son attachement à toutes les minorités et affirmé son souhait de soutenir leur cause. Celles-ci, le sachant à la tête du département des Affaires étrangères en 2022, pressentent en sa personne celle d'un potentiel allié de choix.

Encore faudrait-il que certaines conditions favorables soient réunies, à commencer par une meilleure connaissance des interlocuteurs. Or, si l’Azerbaïdjan, chaque année, ne manque jamais d’inviter à Bakou le président suisse fraichement élu, l’Arménie, elle, n’a guère ce reflexe. « Qu’est-ce que je pense de l’Arménie et des Arméniens ? Je connais Charles Aznavour, bien entendu, mais je n’ai jamais été en Arménie et je ne connais pas vraiment ce pays ! », répondait Guy Parmelin au Courrier d’Erevan fin 2021, lors de son dîner présidentiel avec les membres de l’APES* !

À bon entendeur…

 

*APES – Association de la Presse Étrangère en Suisse et au Lichtenstein