L’éducation supérieure mise en question

Société
28.07.2022

Le Ministère de l’Éducation a dressé le bilan des admissions dans l’enseignement supérieur pour l’année académique 2022-2023. Les résultats sont plus qu’insatisfaisants et très préoccupants : moins de 8000 admissions sont enregistrées à ce jour pour la prochaine rentrée universitaire sur près de 24000 places disponibles. Questions…

Par Lusine Abgaryan

Selon les données communiquées par le centre d’évaluation, seules 1433 des 1918 des places gratuites attribuées aux universités, instituts et conservatoires du pays sont pourvues. 550 restent donc vacantes, pourtant exonérées de tous frais de scolarité. Plus grave encore, plus des deux tiers des places payantes prévues pour la rentrée prochaine seront inoccupées si les chiffres observés à ce jour se confirment : sur 21761 places disponibles, 6 518 demandes d'inscription ont pour l'heure été enregistrées.

Durant la réunion du comité d’admission qui s’est tenue au ministère de l’Éducation, des sciences, de la culture et des sports, le ministre Vahram Dumanyan a estimé qu’il est inacceptable que l'université soit contrainte à abaisser ses critères de sélection pour assurer ses effectifs, quelles qu'en soient les spécialités, seraient-elles d'importance stratégique pour le pays. « Il est inadmissible de laisser entrer à l’université des candidats ne présentant pas le niveau académique requis», a souligné le ministre, exhortant les universités à prendre les mesures appropriées pour accroître l’attractivité de certaines filières.

Pour de nombreuses spécialités, le taux de places non pourvues cette année dépasse largement celui des années précédentes. L’université Pédagogique d’État par exemple, dispose encore de 1130 admissions non pourvues, dont vingt-six gratuites. 66 personnes seulement y sont inscrites pour cette année académique. De même, l’université d’État d’Erevan ne comptera que 671 étudiants de première année.

La situation n’est pas plus réjouissante dans les établissements supérieurs des villes de province. Selon les propos de Gevorg Asatryan, secrétaire général du comité d’admission de l’Université d’État de Shirak, les indicateurs 2022 sont pour le moins inattendus : « Nous n’avons eu aucun candidat en mathématiques, ni en géographie, ni en comptabilité. Des spécialités pour lesquelles il y avait un concours lors des années précédentes resteront sans étudiant cette année », dit-il. Ce manque risque fort, en outre, de conduire dans quelques années à l’absence totale dans les écoles de formateurs spécialisés.

Migration, qualité bien pauvre de l’enseignement dans certaines matières, non-conformité aux standards universitaires actuels, retard et inadaptation aux transformations de la société et du marché du travail en Arménie… L’enseignement supérieur, passage quasi-obligé de tout un chacun dans le pays il y a quelques années, n’est plus, semble-t-il, l’ultime objectif des nouveaux bacheliers…

Le secteur des technologies, le plus recherché en Arménie, secteur de pointe et fierté nationale, se montre bien peu exigeant en matière de diplômes universitaires, par exemple.  De simples certifications ou une formation spécialisant suffisent bien souvent à décrocher le premier emploi... Reste-t-il encore nécessaire dans ces conditions, d'entreprendre de longues études si l’on peut intégrer de suite le marché de travail ? C’est là toute la question !

En attendant de meilleures réponses, le comité d’admission a approuvé les listes de candidats bénéficiant de statut spécial - environ 200 personnes - ainsi que les résultats des concours pour les places spécialement affectées aux étudiants de la République d’Artsakh. Selon la décision du gouvernement, les places vacantes devraient être redistribuées. Du 19 au 26 juillet, les candidats ayant obtenu des notes positives aux examens mais exclus du concours lors de l’étape initiale des admissions, se sont vu offrir une deuxième possibilité de postuler à six spécialités en fonction des examens réussis.