Les sommets de l'éveil: pour un développement durable de la région de Lori

Société
24.06.2021

Dans les montagnes boisées de Lori, harmonieusement intégrée aux paysages vallonnés et la nature splendide, une remarquable construction futuriste vient se fondre dans le paysage. Ses larges baies vitrées abritent le Centre SMART du Fonds pour les Enfants d'Arménie, COAF - Children of Armenia Fund, en anglais.

Par Lusiné Abgarian

1350 enfants venus de 27 différents villages fréquentent ce centre deux fois par semaine pour y recevoir un complément éducatif basé sur des techniques d'enseignement novatrices. Avant que ce beau bâtiment n'existe, ce sont les enfants qui accueillaient dans leurs écoles communautaires, intervenants et spécialistes de différents domaines. Le programme de formation restait toutefois limité, faute de conditions d'accueil favorables à la réalisation de projets ambitieux.

Bédo Demirdjian, Chargé d'Affaires et des Opérations du Centre SMART, compare l’histoire du COAF à la construction d'une  ruche, rayon par rayon. Un modèle qui illustre l’expansion des activités du programme de développement des communautés depuis 2004, à Karakert dans la région d’Armavir, jusqu’à l'aboutissement du projet phare de Lori aujourd'hui. « Quand ce centre n’existait pas encore, nous construisions et rénovions des écoles, des cantines des salles de sports et formions des professeurs », - dit-il.

Dans l’intention de toucher un plus grand nombre d'enfants et contribuer plus largement encore à leur éducation, le Centre SMART, opérationnel depuis 2018, met à leur disposition toute une palette d’activités. Favorisant un apprentissage et par projet et par action, elles se répartissent en trois groupes symbolisés par la tête pour les langues étrangères ou l'entreprenariat, le cœur pour les enseignements créatifs et artistiques et enfin la main pour l'ingénierie, les technologies, le sport et le bien-être. Les cours se déroulent dans des salles modernes, bien équipées et informatisées offrant ainsi aux enfants la possibilité de se familiariser avec les nouvelles technologies.

Répartis en deux groupes d'âge de 3 à 5 ans et de 6 à 18, ils ont le choix chaque année entre deux options. Une fois achevée la totalité de leur cursus, les « jeunes citoyens Smart », peuvent bénéficier de bourses spéciales attribuées par le Fonds qui leur permettront d'accéder aux études supérieures. « Chacun de nos élèves qui souhaite continuer ses études a la possibilité d’entrer à l’université », - affirme Bédo. C'est une chance inespérée qui leur est offerte, mais à travers elle, également, celle de toute la communauté : questionnés lors de leur cours de marketing, la majorité des enfants de 6-12 ans affirme vouloir rester dans sa région natale pour contribuer à son développement.

L'influence du centre a aussi inversé, dans un certain sens, le rapport parents-enfants. Ces derniers doivent en effet acquérir dès la première semaine de leur apprentissage, des compétences comportementales de base qu'ils ignorent souvent et retransmettent ensuite à leurs parents. « Les enfants découvrent qu’ils ont des droits spécifiques en tant que mineurs. On leur apprend les règles d’une alimentation saine et équilibrée, l'hygiène et d’autres informations essentielles qu’ils sont sensés connaître, mais que leurs parents découvrent souvent avec eux », - souligne Bédo.

La responsabilité éducative parentale fait également partie du projet. « Les psychologues du centre », explique Armine Galstyan, instructrice en développement de l'enfant, « conçoivent des programmes destinés aux parents et centrés sur la connaissance de soi et leur relation à l'enfant ». Elle ajoute que l’influence de la mentalité et des traditions communautaires ne permet pas toujours aux parents de bien saisir l'importance de leur propre rôle. « Ces programmes visent aussi à impliquer davantage les pères dans le processus éducatif : souvent, ils partent travailler à l’étranger ou simplement, ils ne jugent pas nécessaire d’intervenir dans ce processus ».

Les besoins des enfants de la région sont multiples, à commencer par les fournitures élémentaires. Armine affirme, qu'« ils n'ont parfois jamais tenu un crayon pour dessiner avant d'arriver ici. La précarité des conditions sociales ou le surnombre d'enfants au sein de la famille font que les parents les délaissent et ne jugent pas nécessaire de les suivre lorsqu'ils grandissent.

Les infrastructures restent peu développées dans la région, certains enfants n’ont même pas la possibilité de rejoindre une école maternelle. Le Centre SMART représente alors leur seul recours avant qu'ils ne puissent rentrer en primaire. Celui de leurs parents aussi.

« Les caractéristiques du développement d'un enfant de 3 ou de 5 ans ne différent pas vraiment. Ce qui manque surtout aux enfants, c’est l'étonnement, l'ouverture sur le monde. Ils ne sont entourés que par le quotidien de leur campagne et de leurs parents. On essaie d'y pallier à travers nos programmes et nos activités. », - complète Armine.

Les programmes élaborés par le Centre SMART transforment d’une manière radicale la vie des enfants, révèlent leur potentiel et offrent en même temps des ressources à leurs parents. «De l’éducation aux enfants et du travail aux parents», ce slogan pourrait incarner au mieux l’idéologie du COAF, qui ne se limite pas aux projets éducatifs, mais investit également de façon conséquente dans le développement de secteurs générateurs de nombreux emplois pour la région tels que la santé, l'économie et notamment le tourisme, envisageant de faire de la communauté de Debet, qui accueille le Centre SMART, un véritable carrefour entre Tbilissi et Erevan : un projet ambitieux qui transformera le visage et le profil de la région de Lori !