Les Français d’Arménie mobilisés dans le conflit

Arménie francophone
30.10.2020

La guerre qui fait rage entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan depuis fin septembre dans la région du Haut-Karabagh n’épargne pas la communauté française d’Arménie.

Par Leslie Fauvel (https://www.francaisaletranger.fr)

Bien que peu nombreuse, la communauté française d’Arménie – qui compte entre 500 et 600 membres- se prépare autant que possible à une possible escalade du conflit entre Erevan et Bakou, alors que les trêves entre les deux pays sont à chaque fois rompues. Elle craint que les affrontements dépassent les frontières de la région disputée du Haut-Karabagh et touchent le territoire arménien.

Les Français se préparent

Dès le déclenchement des hostilités, l’ambassade de France a largement communiqué avec ses ressortissants par mail et elle a convoqué ses chefs d’îlots et représentants consulaires afin de mettre au point une stratégie de protection des Français d’Arménie. Evacuations, mises à l’abri, points de rassemblements, téléphones satellitaires pour communiquer directement avec la cellule d’urgence à Paris…la représentation française à Erevan a établi un véritable plan d’action.

Adel Chékir, le proviseur du lycée français Anatole France d’Erevan, a annoncé début octobre être prêt à accueillir tous les enfants de familles de réfugiés du Haut-Karabagh. De son côté, l’Université française en Arménie (UFAR), compte ses morts: trois de ses étudiants ou anciens étudiants ont été tués au combat dans le cadre de leur service militaire. Pour la conseillère consulaire Lusine Bardon, franco-arménienne installée en Géorgie qui n’a pu rentrer dans son pays depuis le mois de mars, les garçons nés en 2000-2001 sont une génération sacrifiée: “cette génération tombe sous les bombes, ça fait très mal. La majorité des morts, ce sont des jeunes. Ils sont en première ligne. C’est une vraie guerre”. La conseillère est à l’initiative d’un courrier adressé le 7 octobre à Emmanuel Macron dans lequel elle – et les 70 autres signataires, des représentants et élus de la France à l’étranger- réclame au président français une implication rapide pour mettre un terme aux hostilités.

Boycott commercial

Du côté des affaires, l’heure est au boycott: la Chambre de Commerce et d’Industrie France Arménie, la Chambre de Commerce et d’Industrie Belge ainsi que la Chambre de Commerce Européenne soutiennent la proposition du Ministre de l’économie arménienne d’interdire temporairement les importations des produits fabriqués et assemblés en Turquie. “Une part considérable des produits turcs présents sur le marché arménien sont des contrefaçons de marques françaises de prêt porter, de maroquinerie, de parfumerie, de produits d’hygiène et d’entretien. Nos partenaires commerciaux français, francophones et européens sont prêts à investir en Arménie ainsi qu’à exporter leurs produits et savoirs faire afin que ceux-ci soient vendus au même prix de vente final que les produits importés de Turquie. Afin de faciliter leur entrée et supplanter les produits turcs, nous proposons d’appliquer une baisse des droits de douanes sur ces produits tout en augmentant significativement les droits sur les produits turcs”, ont déclaré la CCI France-Arménie et ses consoeurs.

La diaspora arménienne de France très mobilisée

La communauté arménienne en France compte environ 600 000 membres. L’association Fonds arménien de France a lancé une collecte de dons pour soutenir les Arméniens intitulée “Tous pour l’Artsakh” (le nom arménien du Haut-Karabagh ndrl). Le 29 octobre, le Fonds avait récolté 152,7 millions de dollars et affrété un Boeing 757-200 pour acheminer 28 tonnes de médicaments et équipements médicaux destinés à la population du Haut-Karabagh.