« L'Internet du futur » : le projet franco-arménien a déjà attiré ses premiers investisseurs

Arménie francophone
31.05.2021

Le projet RINArmenia, qui travaille sur un nouveau protocole de communication Internet, a déjà attiré ses premiers investisseurs. C'est ce qu'a déclaré le cofondateur de la société, David Bequette, à Sputnik Armenia.

Depuis les années 70, la transmission de données dans les réseaux informatiques - et plus tard l'Internet - est basée sur le protocole TCP/IP. Mais l'un des créateurs de sa technologie, le Français Louis Pouzin, nonagénaire, continue d'explorer un nouveau protocole, RINA (Recursive InterNetwork Architecture). Selon lui, il s'avérera plus efficace et plus sûre. Ses idées sont développées par une équipe de chercheurs en Europe et aux États-Unis.

La décision de fonder « RINArmenia » a été annoncée lors du Forum économique dans le cadre du Sommet de la Francophonie en octobre 2018 à Erevan. La technologie a été introduite en Arménie par l'un des chercheurs français de RINA, Philippe Poux, qui a décidé de commencer le travail avec les spécialistes arméniens de son entourage.

Au cours de ces deux années, l'entreprise a développé plusieurs applications qui ont démontré une plus grande efficacité énergétique, une plus grande vitesse et une meilleure sécurité dans le transfert des données.

À l'automne dernier, l'homme d'affaires américain David Bequette, qui vit et travaille en Arménie avec son épouse arménienne depuis plusieurs années, a rejoint la société. Il a aidé l'équipe à élaborer une stratégie : il a été décidé de tester de nouveaux protocoles de transfert de données sur les opérations de la blockchain. Comme cette technologie connaît une croissance très rapide, les investissements pour le développement peuvent être attirés ici plus rapidement, a expliqué M. Bequette.

La société a déjà résumé les résultats des tests préliminaires, selon lesquels les données sont mieux protégées (puisqu'elles n'utilisent pas d'adresses IP publiques) et également plus rapidement transférées, grâce à la simplicité de l'architecture du réseau. Comme le souligne John Day, un autre grand chercheur dans le domaine de l'Internet, RINA utilise moins de protocoles auxiliaires que TCP/IP (3 au lieu de 15).

L'équipe arménienne a su développer ces avantages : déjà par les expériences les plus approximatives, le nombre de transactions blockchain par seconde est de 30% plus élevé qu'avec TCP/IP ; avec les processus d'optimisation, il deviendra encore plus élevé. En outre, les chercheurs arméniens ont réussi à réduire la consommation d'énergie pour la réception et la transmission des données.

« Nous avons déjà reçu deux demandes de financement de l'AICA (Angel Investor Club of Armenia - ndlr), ayant recueilli environ 200 mille dollars, et nous travaillons maintenant avec l'un des partenaires pour tester nos développements non pas sur des ordinateurs de bureau, mais sur un réseau plus large », a-t-il ajouté.

Les économies d'énergie deviendront plus évidentes à mesure que le nombre de transactions augmentera. C'est ce qui devrait se produire car la blockchain ne se limite pas au marché financier. Dans les années à venir, elle sera de plus en plus utilisée dans l'immobilier et l'Internet des objets, l'énergie et bien d'autres industries, rappelle M. Bequette.

L'avantage du concept arménien réside également dans le fait qu'il ne nécessite aucun changement ou modification du « hardware » de l'ordinateur (cartes mémoire ou encore processeurs). Cela permet de réduire ses coûts et d'augmenter son attractivité.

Il existe un certain nombre de projets de développement RINA en Europe et aux États-Unis, mais ils ne sont pas encore sortis du laboratoire. « Cette technologie n'a pas encore atteint le stade de l'application commerciale à grande échelle », explique le directeur technique Andranik Babikyan. Comme nous l'avons mentionné, des chercheurs arméniens, mais aussi français, travaillent sur une nouvelle version de RINA.

« Une partie de notre équipe travaille en France, tout comme notre président, Philippe Poux. Nous recherchons des possibilités de coopération internationale, nous tirons parti des relations de Philippe en France et de David aux États-Unis, et nous négocions également avec des accélérateurs en Allemagne », explique Hayk Mnatsakanyan (il a lui-même vécu en France pendant plusieurs années et parle couramment le français et l'anglais).

« Les Arméniens m'aideront à apprendre la langue de mes ancêtres », plaisante David, dont l'arrière-grand-père est venu aux États-Unis depuis la partie française du Canada. Mais avant cela, il veut améliorer son arménien.

« Pas tout de suite, j’aimerais d’abord apprendre l’arménien. Chez moi, les enfants parlent l'arménien et un peu de russe, donc ça ne me ferait pas de mal de l'améliorer aussi. Et puis on peut se mettre au français, surtout avec des gars comme ici. Ils parlent à leurs collègues en français toute la journée, j’arrive à mémoriser quelques mots. Donc, à part 'voila', je vais bientôt connaître d'autres mots », sourit David.

Dans les mois à venir, l'entreprise va affiner sa technologie pour la présenter à de nouveaux investisseurs.