L'Azerbaïdjan rejette l'idée d'un retrait de ses troupes des frontières de l'Arménie

Actualité
15.12.2023

Lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue turc en visite à Bakou le 14 décembre, Jeyhun Bayramov a catégoriquement rejeté toute idée de retrait des forces armées azerbaïdjanaises des territoires arméniens pris et occupés depuis le printemps 2021.

Par Olivier Merlet

 

« Ma réponse courte est que je ne suis pas d'accord avec l'opinion du chef du ministère des Affaires étrangères de l'Arménie », a déclaré Jeyhun Bayramov sans ambages. La veille en effet, le chef de la diplomatie arménienne, Ararat Mirzoyan, avait rappelé la proposition  du gouvernement d'un retrait-miroir des forces armées le long de la frontière, afin de « contribuer à prévenir d’éventuelles escalades. Je ne veux pas dire que nous avons un accord ici, c'est une idée qui est en discussion ».

À l'appui de sa réaction, le ministre azerbaïdjanais a une fois de plus prétexté la non-reconnaissance par son gouvernement des frontières actuelles. Le processus en cours qui devrait y aboutir fait partie, selon lui, du cadre global des négociations pour la paix, excluant tout geste de bonne volonté préalable de la part de Bakou susceptible de faciliter la normalisation de ses relations avec l'Arménie entre . « La frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan n'est pas délimitée. C'est une question assez complexe » a insisté Jeyhun Bayramov, « si les troupes se retirent en l’absence d’un accord complet, qui peut garantir que l’une ou l’autre des parties ne reprendra pas ces positions ? […] L'armée azerbaïdjanaise n'est pas arrivée à ces frontières avec la bonne volonté ou l'invitation de quelqu'un, elle a libéré ses terres après 30 ans d'effusion de sang et elle se tient aujourd'hui à ses frontières.»

Le vice Premier ministre, Mher Grigoryan, avait émis certains doutes sur la validité juridique des cartes soviétiques de 1975 bases sur lesquelles le gouvernement arménien entendait mener les négociations. Suite à la dernière réunion des commissions de délimitation des frontières, il déclarait qu'« il semble y avoir un accord mutuel sur le fait que le processus de démarcation qui sera exclusivement mené uniquement sur la base de documents à valeur juridique ». Hier, sans préciser davantage la nature de ces documents, il faisait toutefois remarquer : « Nous devons décrire les méthodologies et donner des définitions plus précises de ce que nous entendons par "définition d'une carte", ce qui est extrêmement important, et de ce que nous entendons par "un document ayant une signification juridique" »

« Les parties ont échangé des documents concernant la détermination du règlement de travail de la commission et les discussions se sont déroulées dans un environnement assez constructif » a cependant reconnu Jeyhun Bayramov au cours de sa conférence de presse. « Lorsque nous examinons cet ensemble de documents, cet ensemble de propositions, nous constatons qu'il ne s'agit pas d'une répétition exacte de l'ensemble des propositions antérieures. Il y a là un certain progrès positif. […]Si l'Arménie démontre non seulement ses souhaits, mais aussi les intérêts légitimes de l'Azerbaïdjan, la justice historique et le respect du droit international, je pense qu'il est possible d'obtenir des résultats positifs » a-t- il conclu.