Les députés européens excluent la délégation parlementaire azerbaïdjanaise de leur assemblée

Actualité
25.01.2024

Reconnu comme agissant en contradiction avec ses engagements majeurs et les principes européens, l'Azerbaïdjan ne pourra plus intervenir auprès de l'APCE, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.

Par Olivier Merlet

 

Par 76 voix pour contre 10, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a décidé le 24 janvier de ne pas ratifier les pouvoirs des douze membres de la délégation azerbaïdjanaise. À l'ouverture de sa session plénière d'hiver, lundi, Le député allemand Frank Schwabe en avait "contesté" -c'est le terme officiel – les fondements. L'APCE a donc reconnu et conclu par son vote que l'Azerbaïdjan n'a pas rempli les « engagements majeurs » découlant de son adhésion au Conseil de l'Europe il y a 20 ans.

« De très sérieuses inquiétudes subsistent quant à la capacité [de l’Azerbaïdjan] à organiser des élections libres et équitables, à la séparation des pouvoirs, à la faiblesse du pouvoir législatif par rapport au pouvoir exécutif, à l'indépendance de la justice et au respect des droits humains, comme l'illustrent de nombreux arrêts de la Cour européenne des droits de l'homme et des avis de la Commission de Venise », a déclaré l’Assemblée dans une résolution, sur la base d’un rapport du député danois Mogens Jensen.

L'Assemblée a également évoqué la situation au Haut-Karabakh, notant que les dirigeants de l'Azerbaïdjan « n'ont pas reconnu les très graves conséquences humanitaires et en matière de droits humains » découlant de l'absence d'accès libre et sûr par le corridor de Lachin, et rappelant sa condamnation de l'opération militaire de septembre 2023, « qui a conduit à la fuite de l’ensemble de la population arménienne du Haut-Karabakh vers l’Arménie et à des allégations de 'nettoyage ethnique' ».

Enfin, la résolution a cité un certain nombre d'exemples de « manque de coopération » avec l'Assemblée, notamment le fait que ses rapporteurs de suivi n'aient pas été autorisés à rencontrer des personnes qui seraient détenues pour des motifs politiques, qu'elle n'ait pas été invitée à observer la prochaine élection présidentielle et que d'autres rapporteurs de l'APCE se soient vu refuser des visites dans le pays.

« La délégation de l'Azerbaïdjan pourra reprendre ses activités au sein de l'Assemblée lorsque les conditions prévues par le Règlement seront réunies », ont déclaré les parlementaires.

Cette décision concerne que les pouvoirs de la délégation parlementaire azerbaïdjanaise, l’Azerbaïdjan reste toutefois membre à part entière du Conseil de l'Europe.