"Nous avions peur que la Géorgie nous détruise, mais c'est le contraire qui s'est produit : nous avons été trahis par les Abkhazes qui nous ont livrés aux Russes !"

Région
08.07.2021

On ne peut que s'étonner de la situation politique interne de l'Abkhazie dont le calme tardif respire la sérénité. Soit la situation s'est trop améliorée dans le pays, soit les opposants au gouvernement actuel se sont effectivement fragmentés. Quoi qu'il en soit, à part des déclarations occasionnelles, on n'entend presque plus parler d'eux. Aucune action, comme s'ils étaient partis en vacances.

Par Kristina Avidzba

Le dernier appel à la démission des autorités et à l'abandon des postes de haut rang a été signé la veille par quatre organisations d'opposition à la fois - Aruaa, IDA, FNEA et Apsny. Cette fois, l'opposition reproche au gouvernement actuel la décision de légaliser l'exploitation minière (septembre 2020), qui a entraîné une aggravation de la crise énergétique. « Le lien de causalité entre la décision du Cabinet en septembre 2020, la flambée de la consommation d'énergie en octobre-décembre 2020 et les accidents du réseau électrique est évident. Les dettes du gouvernement ont dépassé hier les 2,750 milliards de roubles et sont comparables aux recettes annuelles du budget national », peut-on lire dans la déclaration de l'opposition. Les anciens fonctionnaires, qui se trouvent désormais de l'autre côté des barricades du pouvoir, ont également exigé que le bureau du procureur général d'Abkhazie mène une enquête approfondie sur la situation. Et il a été proposé au Parlement de créer une commission, qui devrait également effectuer un contrôle complet.

Ce n'est pas la première fois que l'opposition demande la démission du gouvernement. Cependant, les raisons de ces demandes sont toujours différentes. Jusqu’à présent, ni le chef de l'État ni le chef du gouvernement n'ont répondu à l' « appel » insistant des opposants.

La situation elle-même, en revanche, donne aux gens ordinaires une étrange envie de rire. L'opposition actuelle, qui était au pouvoir il y a seulement un an et demi, n'a pas, pour une raison ou une autre, défendu avec autant d'ardeur les intérêts de la société abkhaze.

« Le peuple se tenait debout même sans lumière et sans eau. Les pensions ont été retardées, tout comme les avantages sociaux. Les indicateurs de l'activité économique et de la qualité de vie ont encore baissé. Seuls les hôtels et les manoirs ont continué à se développer à pas de géant et ils appartenaient tous à d'anciens responsables de l'opposition actuelle. Et c'est un fait indéniable », dit notre interlocuteur Vadim.

Tous les appels du peuple à arrêter leur volontarisme et le tapis roulant des décisions irréfléchies ont été ignorés. Dans le même temps, des accords et des contrats néfastes pour l'Abkhazie ont été signés en coulisses avec la partie russe. C'est sous le règne des « opposants » actuels particulièrement actifs qu'ils se sont engagés à vendre l'industrie énergétique et l'immobilier aux étrangers. Et ce n'est qu'une partie de ce qu'ils ont promis de présenter à la Russie sur un plateau d'argent. Mais aujourd'hui, pour une raison quelconque, après l'avoir soudainement oublié, les « opposants » crient à tous les coins de rue à propos de « l'incompétence et de la désorganisation » du gouvernement actuel, qui ne fait que nettoyer le désordre qu'ils ont créé.

« La Russie n'a pas pris des mesures aussi sévères à l'encontre de l'Abkhazie pour rien, ayant fixé des échéances pour le respect des obligations précédemment contractées. Les mêmes « Aruaa » et « Forum de l'unité du peuple » ont regardé sans vergogne dans les yeux de leur propre peuple et ont signé des documents détruisant notre patrie. Ils ont essayé d'obtenir autant d'argent que possible et peu importe ce qui se passe avec l'Abkhazie. Ils se congratulaient en prétendant être des patriotes, avoir combattu pour l'indépendance, mais en réalité, ils n'étaient que de vulgaires escrocs qui nous ont conduits dans un gouffre de dettes avec les Russes », s'indigne notre interlocuteur Tariel.

Si l'on fait preuve de logique et que l'on fouille un peu dans les documents, qui ne sont d'ailleurs pas accessibles au public, on peut apprendre beaucoup de choses intéressantes. L'ancien président de l'Abkhazie, Raul Khadjimba, qui a longtemps assuré le confort d'Aruaa et du FNEA, a négocié avec les Russes des dividendes assez importants pour lui-même et ses « associés ». Une question se pose ; en échange de quoi ? Je n’attends pas de réponse de l'opposition actuelle et de Raul Khadjimba également. Mais nous n'en avons pas besoin. Tout est trop évident ici.

« Seul un traître pourrait négocier et signer des accords nous portant préjudice avec les Russes. Mais peu importe à quel point ils le nient, cela nous est arrivé. La Russie dévorera l'Abkhazie et ne s'en étouffera même pas. Une chose que je ne comprends pas, c'est pourquoi il était nécessaire de faire une guerre avec les Géorgiens ! Pourquoi avons-nous sacrifié les meilleurs d'entre nous sur l'autel de la liberté ? ! Nous avions peur que la Géorgie nous détruise, mais c'est le contraire qui s'est produit : nous avons été trahis non pas par des ennemis, mais par nos propres Abkhazes qui nous ont livrés aux Russes. Alors, pour quoi nous sommes-nous battus, nous avons eu ce que nous avons eu ! Et il ne nous a fallu que 28 ans pour nous en rendre compte. Trois décennies perdues », dit notre interlocuteur Rauf.

En promettant sans cesse à la Russie de remplir toutes les obligations susmentionnées, les messieurs les anciens fonctionnaires espéraient que le peuple ne s'en rendrait pas compte ? Je ne pense pas ! Je suis sûre que le moment n'est pas loin où les Russes publieront tous ces documents, et les soi-disant opposants devront alors assumer leurs responsabilités. Mais d'ici là, ils continueront à faire la pluie et le beau temps et à mener un « mode de vie » strictement patriotique.

« L'Abkhazie est en grande difficulté. Il semble que nous ne pourrons pas éviter la responsabilité cette fois-ci. Pensez-y : pendant trop longtemps, la Russie a joué le rôle de philanthrope, nourrissant l'Abkhazie. Ils ont attendu trop longtemps une occasion propice pour se retirer maintenant. Et les autorités, qui s'appellent désormais l'opposition, sont à blâmer. Ils nous ont livrés aux Russes pour une bouchée de pain », raconte notre interlocutrice Olesia.

La vie est comme un champ de mines. Chaque jour de l'Abkhazie est vécu comme le dernier, car la société abkhaze ne peut pas savoir exactement ce qu'elle attend des Russes demain. Et nous ne sommes pas seuls. Et au lieu de corriger ses propres erreurs, l'opposition enfonce davantage le pays dans la servitude, en continuant à jouer les « experts » coriaces sur les ruines de l'État.

Je voudrais vraiment demander à Messieurs les opposants, quand vous avez promis le cryptorail, quand vous avez coupé des millions pour le flux d'énergie, quand vous avez construit le Duty Free et les hôtels, avez-vous vraiment pensé à l'avenir de l'État ? Ou bien avez-vous confondu le trésor avec votre propre poche et mis la main dessus à chaque occasion opportune ? Ou peut-être avez-vous abandonné les millions de redevances mensuelles des centres touristiques abkhazes au profit des pauvres et des nécessiteux ? Ou peut-être n'avez-vous pas donné des millions de roubles à vos collègues fonctionnaires pour qu'ils construisent des manoirs ? J'aimerais beaucoup que chacun d'entre vous se rende compte du mal que l'on a fait à l'Abkhazie en la donnant en morceaux à la Russie. Il semble que toutes nos tentatives pour sauver notre patrie soient vaines. Mais nous nous battons de toutes nos forces, du moins, pendant que vous continuez à faire commerce de sa liberté et de son avenir.

Vos déclarations resteront des bouts de papier avec un jeu de lettres, car la société abkhaze non seulement ne vous croit pas, mais connaît votre véritable valeur. Tout ce que vous auriez pu faire, vous l'avez déjà fait, alors n'embêtez pas ceux qui tentent de corriger vos erreurs d'une manière ou d'une autre!

 

Source : accentnews.ge